Luchino Visconti
Cinéaste, Italie
Luchino Visconti commence par travailler en France aux côtés de Jean Renoir comme assistant-réalisateur sur Les Bas-fonds (1937) et comme créateur de costumes pour Une partie de campagne (1936). Contraint de quitter la France à cause de la Seconde Guerre Mondiale, il retourne en Italie pour travailler avec Karl Koch sur la réalisation de Tosca en 1940. Visconti réalise Ossessione, son premier film, en 1942. Transposé du roman de James Cain Le Facteur sonne toujours deux fois, Ossessione, film noir et pessimiste, marque le début du courant néoréaliste et déclenche un scandale. Il est interdit par les autorités italiennes dans presque tout le pays. Les idées progressistes qui en émanent sont très mal perçues. Visconti échappe de justesse à une exécution par les Allemands lorsqu’ils se retirent d’Italie en 1943. Dès lors, il se fait le portraitiste des miséreux, de la violence sociale de cette Italie tenue par le clergé et les hommes d’affaires, de ces émigrants qui partent par milliers vers les États-Unis (La Terre tremble (1948) et Rocco et ses frères (1960) en sont deux bons exemples). Le style de Visconti se construit ensuite au fil de ses réalisations. On perçoit toujours ce sens aigu de l’esthétique, ce souci de soigner la plastique de ses films. Il choisit souvent l’histoire comme trame de fond pour raconter les existences dramatiques de ses personnages : la douloureuse unification de l’Italie dans le Guépard (1963) puis celle de l’Allemagne dans Ludwig ou le crépuscule des Dieux (1972), la bestialité des nazis dans Les Damnés (1969). Mais si le devenir des peuples ou d’une nation sont souvent présents chez Visconti, c’est surtout le drame individuel de ses héros que l’on retient de ses films. Dans Mort à Venise (1971), le personnage incarné par Dirk Bogarde choisit de mourir plutôt que de quitter Venise. Tadzio, le jeune garçon, exerce une telle fascination sur lui qu’il y voit une représentation parfaite de la beauté, l’ange de la mort qu’il a toujours attendu pour effectuer l’ultime voyage. Des sentiments homosexuels se devinent aisément chez Visconti. Mort à Venise est tiré du roman homonyme de Thomas Mann, auteur dont l’oeuvre ne peut être présentée sans évoquer le thème de l’homosexualité, la beauté absolue s’y incarne d’ailleurs sous les traits d’un jeune garçon. Dans Ludwig, les tourments causés à Louis II de Bavière par son homosexualité sont une des clefs de sa folie, folie qui est au centre du film. Dans leur ensemble, les films de Luchino Visconti se caractérisent par une photographie extrêmement soignée, des costumes et des décors somptueux. Les acteurs choisis contribuent également à la beauté de ses films. S’il ne choisit pas des « gueules » à l’instar de Fellini, Visconti tourne à plusieurs reprises avec Alain Delon, Helmut Berger, Dirk Bogarde, Burt Lancaster ou Silvana Mangano.
Filmographie 1943 Les Amants diaboliques Ossessione 1945 Giorni di gloria 1948 La terre tremble La terra trema 1951 Bellissima 1952 Notes sur un fait divers Appunti su un fatto di cronaca (cm) 1953 Senso 1957 Nuits blanches Le notti bianche 1960 Rocco et ses frères Rocco e i suoi fratelli 1962 Boccaccio 70 (épisode Le Travail) Boccaceto • Le Guépard Il Gattopardo 1965 Sandra / Pâles étoiles de la Grande Ourse Vaghe Stelle dell’Orsa 1967 La Sorcière brûlée vive La Strega bruciata viva (épisode Les Sorcières) • L’Étranger Lo Straniero 1969 Les Damnés La Caduta degli dei 1971 Mort à Venise Morte a Venezia 1972 Ludwig – Le Crépuscule des dieux Ludwig 1974 Violence et passion Gruppo di famiglia in un interno 1976 L’Innocent L’Innocente
Films programmés au Fema
Les Amants diaboliques
La Terre tremble
Bellissima
Senso
Nuits blanches
Rocco et ses frères
Le Guépard
Sandra
L’Étranger
Les Damnés
Mort à Venise
Ludwig ou Le Crépuscule des dieux
Violence et passion
L’Innocent
Luchino Visconti, un portrait
— protagoniste
Luchino Visconti, le chemin de la Recherche
— protagoniste
- Les Amants diaboliques (1943)
- La Terre tremble (1948)
- Bellissima (1951)
- Senso (1953)
- Nuits blanches (1957)
- Rocco et ses frères (1960)
- Le Guépard (1963)
- Sandra (1965)
- L’Étranger (1967)
- Les Damnés (1969)
- Mort à Venise (1971)
- Ludwig ou Le Crépuscule des dieux (1972)
- Violence et passion (1974)
- L’Innocent (1976)
- Luchino Visconti, un portrait (1999)
- Luchino Visconti, le chemin de la Recherche (2006)
Dans nos archives...
Vidéos
Rencontre autour du cinéma de Luchino Visconti
Rencontre animée par Nicolas Thévenin. Avec Claudia Cardinale, Laurence Schifano et Giorgio Treves
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Théâtre Verdière, La Coursive
Textes
Laurence Schifano (Professeure émérite en Études cinématographiques, spécialiste du cinéma italien) — 2015
Passion Visconti
Des tragédies familiales, de l’Histoire, des passions, du romanesque, de la beauté : Visconti a toujours plu au grand public, loin des étiquetages critiques concernant son esthétisme, sa vision décadente, l’académisme de ses fresques… Difficile...