Edward Yang

Cinéaste, Taïwan

« Au carrefour des influences chinoises, japonaises, américaines et des nouvelles vagues européennes, Edward Yang a suivi un parcours qui traverse les plus importants courants intellectuels, artistiques et techniques de son époque, et fait de lui sans doute le plus cosmopolite des réalisateurs asiatiques, tout en restant profondément attaché à son pays, Taïwan, et à la culture chinoise. S’il a été un des grands cinéastes de son époque […], c’est en faisant de l’exercice de son art le moyen d’une réflexion lucide et complexe sur les évolutions de la société. […] L’une des principales figures du Nouveau Cinéma taïwanais, […] il aura aussi été l’un des principaux acteurs d’un des événements majeurs de l’histoire du cinéma à la fin du xxe siècle : la gigantesque montée en puissance des cinémas chinois et leur accession aux premiers rangs du cinéma mondial. Un mouvement riche de sens pour l’évolution esthétique et la compréhension des phénomènes sociaux à l’échelle de la planète tout entière. »

Jean-Michel Frodon, Rétrospective Edward Yang, La Cinémathèque française, décembre 2010

 

« Les films [d’Edward Yang] m’ont sidéré. D’abord, ils sont d’une beauté renversante, et très singulière. Particulièrement remarquable est le sens de l’équilibre dans le cadre, entre la lumière, la couleur, les êtres humains et leurs déplacements, et la vie de la ville autour d’eux. On y perçoit une exceptionnelle combinaison de précision et de sensibilité […]. Edward Yang semblait avoir un rapport intime à la vie urbaine, au rythme impersonnel et à la démesure de l’existence dans les grandes cités comme Taipei, où les gens paraissent incités à se perdre, à errer. Sous la surface paisible de ses films, on sent qu’il est furieux et bouleversé de la manière dont le monde a évolué. […] À tous les niveaux, ses films m’ont impressionné, et ému. Et ils m’ont ouvert les yeux. […] Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Edward Yang. […] Mais il a mis tellement de lui-même et de sa compréhension passionnée du monde dans chacune de ses réalisations qu’avec seulement sept films, il nous a légué un trésor. »

Martin Scorsese, propos extraits du Cinéma d’Edward Yang de Jean-Michel Frodon, Éditions Carlotta, 2025

Filmographie In Our Time Guāngyīn de gùshì (mm, coll., Désirs, 1982) – That Day, on the Beach Hǎitān de yītiān (1983) – Taipei Story Qing mei zhu ma (1985) – Le Terroriste Kǒngbù fènzi (1986) – A Brighter Summer Day Gu ling jie shao nian sha ren shi jian (1991) – Confusion chez Confucius Dúlì shídài (1994) – Mahjong Májiàng (1996) – Yi yi (2000)