Michele Cossu, Peppeddu Cuccu, Vittorina Pisano et autres bergers sardes
Pour avoir soigné des bandits, un berger est considéré par les carabiniers comme leur complice et devient finalement un vrai bandit. En se souvenant des leçons du meilleur néoréalisme, De Seta décrit la condition d’hommes impuissants face à une injustice qui les domine. Le propos du cinéaste tend à démontrer que cette fatalité ne relève pas d’un ordre divin, mais qu’elle résulte, beaucoup plus simplement, d’un système politique et social dont l’autorité administrative maintient la pauvreté des uns au nom du bon droit de propriété des autres et qui, pour cela, n’offre aux misérables qu’un seul interlocuteur valable : la police (et des tribunaux esclaves de la police). À ce mépris légalisé, les bergers démunis de tout ne peuvent opposer que la fierté des hors-la-loi. D’où un engrenage de la violence.