Vittorio De Seta

Cinéaste, Italie

Vittorio De Seta est né à Palerme en 1923. 1954 : Il interrompt ses études d’architecture à l’Université de Rome pour devenir l’assistant de Jean-Paul Le Chanois pour Le Village magique. 1954-1959 : Il dirige une série de courts métrages documentaires à sujet ethnographique, tournés en Sicile et en Sardaigne. 1961 : Il signe, sur les mêmes thèmes du sous-développement, son premier long métrage, Ban-dits à Orgosolo (Banditi a Orgosolo). Le film, qui obtient un grand succès critique, reçoit le Prix de la Première OEuvre au Festival de Venise. Cette réussite fait parler d’un « retour au néoréalisme », mais ses films suivants sont d’un tout autre style : Un homme à moitié (Un uomo a meta, 1966), est un essai expérimental qui tente d’analyser la crise d’un intellectuel, alors que L’Invitée (L’Invitata, 1970), tourné en France, propose la description psychologique d’une femme qui abandonne son mari. 1973 : Il réalise pour la RAI, Journal d’un instituteur (Diario di un maestro), qui suscite de nom-breuses controverses malgré son grand succès d’estime. La Rochelle lui a consacré un hommage en 1977.
Esprit indépendant, De Seta fait de 1954 à 1959, seul et de bout en bout (réalisation, sonorisation, montage), 10 courts métrages qui le placent parmi les plus grands documentaristes. Dans ces bandes, tournées en Calabre, Sicile et Sardaigne, De Seta confère une intonation lyrique au monde du travail dans le Mezzogiorno et au climat de dur labeur et de pauvreté digne qui entoure la vie des paysans, pêcheurs, bergers et mineurs du Sud. C’est le monde des exclus, des survivants, des «derniers», que De Seta rend encore plus vivant, présent et dramatique par des images qui ne tirent leur force que d’elles-mêmes, accompagnées seulement des bruits du travail et les chants populaires.
L’oeuvre de De Seta toute entière peut être vue comme une enquête minutieuse sur la solidarité humaine : la solidarité refusée au Bandit à Orgosolo et à l’écrivain D’un homme à moitié, les enfants dés faubourgs romains la retrouvent et l’écrivent dans le Journal d’un instituteur pour qui il n’y a pas d’enfants asociaux mais seulement des écoles mal faites, pas de chiens perdus mais seulement des colliers nuisibles. Dans le cadre de la télévision, ce film permet à De Seta d’expérimenter un nouveau type de langage, un nou-veau type de cinéma qui garde toute son actualité et son originalité. «Diario di un maestro n’est pas un film à sujet, ni un film-enquête, ni un documentaire. C’est une expression de film-direct, de cinéma-spontané, un film d’expérience immédiate vécue moment après moment». Ce film, qui a connu à la télévision italienne un succès sans précédent, reste pour des raisons mysté-rieuses encore inédit en France. Son absence de déma-gogie, sa force de vérité, l’intérêt direct qu’il présente pour le public français le plus large, et disons tout simplement sa beauté, font qu’on n’a plus le droit de l’ignorer.