« Longtemps j’ai habité la banlieue. » La possible dimension autobiographique prend ici une ampleur exemplaire. Au souvenir de la banlieue (l’enfance, associée aux salles de cinéma) s’ajoute ses lieux (Montreuil, Courbevoie, les bords de la Marne), son urbanisme (pavillons, barres de logements, baraquements). Derrière les lieux, des conditions d’existence, un mode de vie (les transports en commun), des statistiques impitoyables. La mémoire de la banlieue se mesure à l’aune de l’Histoire quand, sur l’image d’une statue (Défense de Paris, 1870-1871), il est dit que « la leçon des ténèbres n’est jamais inscrite au flanc des monuments ». « Le voyageur pressé ignore la banlieue », nous dit-on. Aux yeux de Maurice Pialat, le cinéma français, Nouvelle Vague comprise, est ce voyageur pressé.