Márta Mészáros, la pionnière

« Faire corps pour s’affranchir. Dans ses films, Martá Mészáros […] rend grâce aux femmes et à la sororité. […] La réalisatrice hongroise cumule les premières fois : première réalisatrice à obtenir l’Ours d’or à la Berlinale en 1975 (Adoption), première à décrocher le Grand Prix à Cannes en 1984 (Journal intime), et tout simplement première femme cinéaste de l’histoire de la Hongrie. […] « Je raconte des histoires banales et le personnage principal est invariablement une femme, » commentait Mészáros lors d’une interview où on lui demandait si ses films étaient féministes. […] Quand elle passe à la fiction [en 1968, après de] nombreux documentaires, elle n’oubliera jamais ses premières amours : elle apporte un soin tout particulier aux lieux où vivent et travaillent ses personnages, et documente l’histoire politique de son pays par des images d’archives ou des reconstitutions. Mais son regard est aussi d’une grande liberté narrative […]. Aujourd’hui âgée de 92 ans, la réalisatrice demeure, par ses thèmes de prédilection, d’une modernité évidente : « Je suis juste une femme qui fait des films et pense que les femmes ont le droit d’exister de la même façon que les hommes. » »

Anne Dessuant, Télérama, 5 avril 2023