Manuel de Oliveira

Propos recueillis en 1965, par J.-C. Biette, Cahiers du cinéma

Voici plus de trente ans que Manuel de Oliveira illustre le cinéma portugais. Le petit nombre de films qu’il a réalisés est moins le fait d’une ins-piration courte que des conditions dans les-quelles il travaille. Le cinéma portugais man-quait d’argent, de débouchés, de techniciens, de cinéastes enfin. Ce cinéma est un artisanat : ainsi Oliveira fait-il tout lui-même : scénario, dialogues, mise en scène, photographie, mon-tage et production. La lenteur d’exécution et la coordination des parties sont garantes d’une certaine perfection dont toute l’oeuvre porte la marque, d’un accord entre le monde uniment senti et la reproduction fidèle de cette unité. « J’ai toujours défendu le documentaire que je considère comme une forme véritable du cinéma, mais je suis tout de même plus inté-ressé par le matériel humain. Je pense avoir mis dans La Chasse des choses qui n’appartiennent pas vraiment au documentaire et qui sont des tentatives frustrées d’arriver à ce long métrage que je ne peux pas faire. »