Augusto Tretti
Cinéaste, Italie
Augusto Tretti, auteur de deux films « maudits », fait figure de martien dans la production italienne, bien qu’il jouisse de la plus haute estime des artistes et des rares critiques qui ont vu ses films. Sa cohérence intellectuelle et son originalité d’expression l’ont banni jusqu’à ce jour des circuits de distribution qui le regardent comme une regrettable anomalie, et font à coup sûr de Tretti le metteur en scène le plus isolé en Italie. Né à Vérone en 1924, il fait, en 16 mm, ses premières « tentatives » de cinéma entre deux examens à la Fac de Droit ; elles lui vaudront d’être engagé par Fellini comme assistant. Tretti réalise en 1960 son premier long métrage, La loi du clairon, où le burlesque est filtré par le réalisme épique de Brecht. Ce n’est que onze ans plus tard qu’il pourra réaliser un deuxième long métrage ; Le Pouvoir, soutenu par les encouragements de M. Antonioni. Le film qu’il s’apprête à tourner aujourd’hui, Bigri-Scinghil, érotico-comique qui décrit de façon grotesque « l’impossibilité de se réaliser sexuellement dans la société de consommation, de l’arrivisme et de l’abus de pouvoir » devrait lui permettre de sortir des circuits de diffusion confidentiels, sans rien abdiquer de sa salutaire impertinence et de son ironique causticité.