C’est un film tourné plusieurs fois pendant vingt-cinq ans. Il raconte l’histoire d’une maison à Jérusalem et de ses habitants. Au cours de ces vingt-cinq années, la réalité concrète s’est transformée en souvenirs, en mémoires. Nous assistons à la création d’une identité nouvelle, une identité de diaspora.
« Il y a bien trois films de natures très différentes. Le premier de ces films est important à plus d’un titre dans la vie d’Amos Gitai. D’abord, c’est son premier film « officiel », celui qui figure en premier dans sa filmographie (hors courts métrages). Ensuite, ce film commandé par la télévision israélienne a été refusé par celle-ci et est resté censuré depuis. House va également devenir le point de départ d’une aventure cinématographique au long cours, qui trouve son terme un quart de siècle plus tard avec le troisième jalon, News from Home/News from House. Entretemps, Une maison à Jérusalem a opéré un premier re-travail, sur le sujet et sur la démarche même de Gitai. House (1980), A House in Jerusalem (1998), News from Home/News from House (2006) : les écarts entre les deux dates et leur irrégularité attestent que le projet n’est plus ici qu’une observation du passage du temps. De fait, et les trois films n’en font pas mystère, une occasion pas forcément voulue, une commande a, à chaque fois, suscité la réalisation. À cette similitude dans le projet, à la similitude géographique et thématique (cette maison de Jérusalem, comme lieu, comme symbole, comme référent réel et imaginaire) Amos Gitai apporte trois réponses successives, différentes, pour partie complémentaires, pour partie en rupture avec la ou les précédente(s). »
Extrait de 2x3xGitai de Jean-Michel Frodon, 2006