À travers un trésor d’archives rares, le film nous immerge dans la vie paysanne du Poitou au xxe siècle : ses gestes, ses luttes, ses rituels. Les voix de celles et ceux qui ont façonné cette terre s’élèvent en chants, dévoilant une mémoire vive : celle d’une communauté dominée mais résistante, qui construisait un patrimoine culturel unique. Sous nos yeux, un monde disparu reprend vie.
« Je suis la première génération à ne plus avoir de liens quotidiens avec la paysannerie. Par des archives filmiques amateurs des villages du Poitou de l’après-guerre à aujourd’hui, Souvent l’hiver se mutine pénètre cette culture rurale qui s’est transformée au gré des bouleversements historiques et économiques. La musique, élément central de ces communautés comme de ma vie aujourd’hui, rythme notre cheminement dans des décennies de quotidien, de contes, d’anecdotes collectées et d’histoires familiales. […] [À propos du titre] Il vient d’un dicton, comme les paysans en ont pour chaque jour de l’année. Ici c’est [pour] le 30 janvier : “Prends garde à la Sainte- Martine, car souvent l’hiver se mutine.” Je trouvais cette formule intéressante car elle racontait l’importance de la nature dans le rapport au monde des paysans, que celle-ci n’était pas qu’une alliée mais aussi parfois cause de souffrance. Et ce terme “mutine” me ramenait au champ lexical de la subversion, de la révolte, ce qui n’est pas vraiment le cas du film, mais qui donne une bonne idée de la tonalité que je cherchais en faisant ce film sur cette communauté, cette culture, ce patrimoine. »
Benoit Perraud, Note d’intention du cinéaste, 2021