Le temps d’une journée, l’acteur et réalisateur Jacques Nolot nous livre ses récits de désirs, de doutes, de terreur, de ce qui emplit la vie comme de ce qui le lie à la mort. La frontière entre le souvenir et le rêve se délite peu à peu.
« Hormis le bonheur de retrouver son visage un peu perdu de vue, et sa voix amie, que peut-on espérer trouver dans ce portrait tardif de Jacques Nolot, acteur et cinéaste, qu’il n’aurait lui-même déjà dit ou montré dans ses propres films, et jusque dans ceux des autres (Téchiné, Vecchiali) ? Un contrechamp de réalité non filtrée, pour préciser tout ce que Nolot avait déjà livré, sous couvert de fiction, de sa vie d’ancien gigolo sublimée dans le cinéma, et céder quelques secrets supplémentaires, un peu d’intimité qui restait à confesser, avant de tirer le rideau ? Ou à l’inverse : une coda inattendue, et filmée par un autre pour dire : je vous ai bien eus, ce n’était pas moi, rien que de la fiction déguisée avec mon visage, et me voilà ici comme je suis, corps et âme tout nus, livrés pour vous, cette fois pour de bon ? […] Roland Barthes avait décrit Nolot comme une “roulure, mais au sens sémantique du terme” : sans attache, sans lieu, sans repères. Ses films ne disaient rien d’autre, et une question les hantait tous : où peut-on se réfugier, à la fin, quand on a eu cette vie de vagabond ? »
Jérôme Momcilovic, Cinéma du Réel, mars 2025
Le Fema rend hommage en 2007 au cinéaste Jacques Nolot avec la présentation de sa trilogie : L’Arrière-pays (1997), La Chatte à deux têtes (2002), Avant que j’oublie (2007).