Concours de la jeune critique Europe Québec

— Édition 2024

En partenariat avec l’OFQJ (Office Franco-Québecois pour la Jeunesse) et le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal

Le fema organise un concours ouvert aux jeunes cinéphiles de moins de 30 ans autour des films québécois programmés durant la 52e édition du Fema, pour gagner une invitation au 53e Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, du  9 au 20 octobre 2024 à Montréal.

Résultats

Les lauréates du concours sont Adrien Dehas, 28 ans, qui remporte l’invitation au Festival du Nouveau Cinéma de Montreal, et Bahia Dominguez, 24 ans (mention spéciale).

Le texte d’Adrien Dehas, sur Une langue universelle

Où est la maison de Matthew Rankin ?

Classe exiguë, chahut, professeur à bout et langue persane : Kiarostami est partout dès les premiers plans d’Une langue universelle. Matthew Rankin, son réalisateur, ne cache pas cet héritage. Plus jeune, il parcourt l’Iran dans le but d’apprendre des grands maîtres. Fascination, inspiration… Peut-on trouver son “chez soi” de cinéaste ?

Question rhétorique, là où le québécois semble avoir déjà trouvé sa réponse. Grain de sable dans la machine, ou plutôt flocon de neige le long de l’échine, le film déraille vite de ses influences pour trouver sa voie. Film chorale, farce à la Kusturica, auto-fiction… Matthew Rankin n’a pas peur de bouger les meubles. Ici et là, des suspensions court-circuitent l’absurde et les glouglous de dindons. Par incrustations et fondus enchaînés, une chaleur émane : souvenirs de la maison familiale, patineuse constellée à l’image de la pochette House of Sugar d’Alex G (décidément, la maison)… Par-delà l’hiver canadien et les bâtiments brutalistes, toujours la chaleur. Intérieurs confinés et samovars, aux fleurs de Shanghai se substituent celles de Winnipeg, les fleurs de crocus. Saviez-vous que c’était d’elles dont on tirait l’or rouge, le safran ?

Une langue universelle est au carrefour de ces deux tangentes, à souffler tendrement le chaud et le froid. Il pose sa baraque là, sur cet embranchement d’autoroute où des touristes viendront se recueillir auprès de Louis Riel, fondateur du Manitoba, cette province pour laquelle, là aussi, on se demandera où est son véritable emplacement. Dans un baluchon, le cœur en vrac.

Le texte de Bahia Dominguez, sur Une langue universelle

Nostalgie absurde

Une langue universelle nous transporte dans les souvenirs croisés de son réalisateur Matthew Rankin et de sa famille. Cette autofiction dévoile une douce nostalgie teintée d’un surréalisme jouissif : les photos d’enfance, la toise murale, la rue Ormes. Dans cette œuvre, la réalité n’est pas côtoyée sous sa forme attendue. Elle se transmue en matière hallucinogène dotée d’un humour décalé et jubilatoire. Son absurdité et son ironie piquantes entrent en résonance avec un touchant portrait du Canada et en particulier de Winnipeg, berceau du cinéaste. Un environnement brut et froid, aux formes géométriques marquées, faites de béton et de briques sous la neige. Matthew Rankin en fait un véritable personnage à travers des plans d’ensemble fixes dont l’illusion de la simplicité magnifie l’espace. Ces décors épurés, hors du temps, mettent en valeur les personnages tous plus atypiques les uns que les autres. Ils se croisent et se séparent, entrent et sortent du champ avec une nonchalance et une liberté délicieuse.

À son arrivée à Winnipeg, le réalisateur, jouant son propre rôle, découvre que les habitants parlent le français et le persan. Sur une musique orientale, il erre en solitaire pour redécouvrir cette ville qui l’a vu grandir. Les couches de plans en surimpression divinement kitchs, les teintes chaleureuses et le rythme de la musique créent un pont onirique entre ces deux cultures. L’Iran et le Canada, deux lieux que tout semble opposer mais qui, avec le regard et le geste du cinéaste, fusionnent. Ainsi, nous déambulons au sein de la mélancolie du réalisateur qui devient nôtre.

L’irréel devient la réalité de l’intime. Une intimité allant jusqu’à la mascarade voire l’escroquerie quand Matthew et Massoud interchangent leur corps et leur voix. Puis, en champ-contrechamp, les personnages sont réunis face à une porte entrouverte sur une femme qui étend un linge figé comme le temps sur un chant oriental puissant et poignant. Durant cet instant merveilleux, un sentiment indéfinissable de nostalgie se transpose dans notre corps et se diffuse comme une trainée de poudre dans la salle de cinéma. Ce sentiment qui nous relie au film et aux autres spectateurs, c’est peut-être cela, une langue universelle.


Pour participer, il fallait réaliser une critique écrite (1 200 à 1600 signes), audio (moins de 2 min) ou vidéo (moins de 2 min) sur l’un des 2 films ci-dessous programmés lors du 52e Fema, avant le dimanche 07.07 à 15:00.

  • Une langue universelle Matthew Rankin (Canada/Québec, 2024) — SAM 06.07 à 09:00, Dragon 5
  • Comme le feu Philippe Lesage (Canada/Québec, 2024) — DIM 07.07 à 10:00, Dragon 5

Concours ouvert à toute personne âgée de moins de 30 ans.
Dépôt des critiques : avant le dimanche 07.07 à 15:00.
Résultat transmis dans la soirée du dimanche 07.07.

Le jury est composé de : 

  • Elie Bartin – Superseven
  • Julie Deschryver  -Objectif Censier
  • Clément Colliaux – Lauréat du concours 2023, critique à Critikat et Libération 

 

 


Les précédents lauréats

2023 : Clément Colliaux + mentions à Augustin Sineux et Yanis Mostefa-Sba (textes et vidéo sur Simple comme Sylvain)
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2022 : Nicolas Dargelos-Descoubez et Adrien Dehas ont été distingués par le Fema, Lili Diaz-Lévesque et Julie Tronchon par le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal
— Toutes les informations