Sortir de l’ombre

Yann Dedet (monteur)

«Toute parole reçue que tu n’aurais pas transmise est une parole volée.» La congrégation des charpentiers

La seule mise en scène d’une réelle importance s’exerce au cours du montage, dit Orson Welles. Ce n’est pas moi qui le contredirais, avec un bémol cependant quant au mot « seule », en le remplaçant par « ultime ».

C’est pourquoi m’est venue l’idée de faire parler des monteurs – en reculant dans le temps des couches de fabrications – avec les métiers qui précèdent l’étape finale dont le montage – la grotte peut-être la moins explorée du cinéma – sera responsable: scénaristes, réalisateurs, opérateur/cadreurs, preneurs de son (ou/et monteurs-son ou/et mixeurs), musiciens. Il y aura aussi une place réservée aux monteurs de documentaire en face des monteurs de fiction.

Tous ces métiers ont participé à la construction du film avec plus ou moins de conscience de la collaboration avec l’étape qui aboutira à l’écriture finale, la chose à ne pas faire étant de se dire qu’on « verra au montage », mais de tenter de pressentir ce qui pourrait s’y cuisiner et comment le préparer.

Des films dont le montage est remarquable, des films qui présentent des scènes dans des salles de montage, des films traitant du montage (un nombre plus que réduit, qui fonde ce projet) et des autres métiers en jeu, voilà qui servirait de base à des discussions avec les différentes disciplines qui précèdent ce beau souci, le montage.

Comme cette année LaRochelle est en partie lusitanienne, nous commencerons avec Valérie Loiseleux, monteuse, entre autres de nombreux films de Manoel de Oliveira, et qu’on verra filmée par Louise Traon dans Les Gants blancs, au travail sur les films d’Oliveira. Elle sera en face de Renato Berta, chef-opérateur, entre autres lui aussi de plusieurs films de Manoel de Oliveira, et qu’on verra dans Renato Berta, face caméra de Paul Lacoste.

Il s’agira donc de questionnements entre celle qui coupe dans le temps et celui qui coupe de l’espace, le découpe avec sa lumière. On pourra parler de la beauté et de la pertinence d’un plan en regard de celles du film. Du moment où le monteur arrête la valse du cadre sous les lumières et pourquoi. Et aussi de la disparition d’un rituel, le visionnage collectif des rushes, où se retrouvaient tous les métiers du cinéma pour aboutir à un film de concert.