Jerry Lewis

Pierre Etaix

Jerry, je te connais depuis 1965, et depuis cette date, tu es mon ami. Aucune ombre n’est venue altérer cette amitié. Et ce n’est pas un hasard. Nous partageons le même amour de notre métier d’amuseur dans ce qu’il a d’inconditionnel. Ce n’est ni un passe-temps, ni pour le désir de briller. Tu es devenu une star internationale malgré toi.

Aujourd’hui, comme au premier jour, ceux qui t’ont aimé t’aiment encore et pour les mêmes raisons, car ton comique passe le temps. Mais le nombre s’accroît des spectateurs qui ignorent ton œuvre. Certains n’ont même jamais entendu parler de toi.

C’est une règle dans ce métier qui vous bouffe vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui vous offre les plus grandes joies et les plus grands chagrins. Je déplore aujourd’hui pour ce qui te concerne, que tu aies à souffrir de solitude profonde. Je sais que si demain les films que tu as réalisés devaient faire l’objet d’une nouvelle exploitation, ils demeureraient intacts, loin des modes, des succès abusifs, des contrefaçons de tout ce qui pollue l’essentiel de chaque société.

Je dois dire que ton humanité a toujours été pour moi un immense cadeau. Tu ne t’es jamais privé de critiquer notre différence et de louer éperdument tout ce qui nous lie.

Tu as toujours pris très au sérieux ton travail sur lequel tu es revenu des centaines, voire des milliers de fois, pour en changer un détail en fonction de l’attention de spectateurs. Tu es un technicien hors pair, un créateur spontané d’une rare exigence et l’ami le plus noble et le plus fidèle.

Jerry, I Love You, Baby.

Your Pierre.