Séance Braquage

« Le burlesque n’est en définitive que la forme la plus déconcertante du lyrisme. » Robert Desnos, 1927

Art de l’attraction, le cinéma s’est donné dès son origine la lourde tâche de mettre en scène, de saisir par le cadre, les gestes et les attitudes _de la modernité naissante de la fin du xixe siècle. S’inspirant d’une tradition mi-scientifique, mi-spectaculaire, le cinéma invente un entre-deux où il lui est loisible de prolonger des études sur le corps, le visage, le mouvement. Muybridge, Marey demandaient à leur modèle de poser nus pour les bandes photographiques qu’ils réalisaient d’eux. Sans se dévêtir, les artistes du burlesque ont inventé un nouvel art du corps, dans l’excès et l’élasticité.

En écho à la rétrospective Keaton, cette séance de cinéma expérimental regroupe 5 programmes qui permettent chacun d’aborder un des fondements du burlesque: la course et poursuite; la démultiplication _(des chutes, des gestes répétés…); l’envol (jet, projection en haut vol); la destruction (systématique, des codes, des décors, des corps…); le vestige (la nostalgie, la séquelle, la propagation). Cette séance convoque également des films primitifs des opérateurs Lumière, une des racines du cinéma où les (fictions du) corps s’incarnent dans des mises en scène fantasmagoriques, théâtrales et pour autant empreintes d’un mystère _très ancien. En 1868, Baudelaire, inspiré après avoir assisté à un spectacle de clown, écrivait: « C’était le vertige de l’hyperbole. » Le burlesque au cinéma prolonge et démultiplie cette perception d’étourdissement et d’émerveillement poétiques.

Programmation de l’Association Braquage:

www.braquage.org

Les films présentés