Séance Hypnose

Proposée par Braquage (brakaz), Association de diffusion et de projection de cinéma expérimental


En écho à  « hypnose et cinéma muet »

Dans le roman d’Irène Hillel-Erlanger (« L’écran n’était pas vide », in Voyages en kaléidoscope, 1919), écrit en plein cœur de la période Dada et des débuts de l’avant-garde cinématographique, le personnage de Joël Joze invente une machine de projection, le Kaléidoscope, qui s’empare de la force hypnotique inhérente à la projection et à son dispositif. Salle obscurcie, propice aux rêves, cauchemars et apparitions, cône de lumière qui permet l’apparition de traces d’ombres sur un écran blanc, partage collectif des sensations de clignotements, de déformations, de ruptures. C’est le cinéma même qui développe en nous un imaginaire de l’intériorité, sorte de caverne mentale où se jouent les mutations de l’espace et du temps. « L’art ne voit pas, il métamorphose » affirme Godard. Le cinéma a à prendre en compte la métamorphose du temps et de l’espace, et donc la métamorphose du mouvement. Sont en jeu la perception spatiale des images ainsi que leurs répétitions, successions et leur composition. En métamorphosant notre relation au mouvement, le cinéma et la projection des images sont amenés à développer une nouvelle dimension sur l’écran : volumes, formes, lignes et couleurs travaillent ensemble pour la création de nouvelles perspectives visuelles (et sonores), activant pour nous des possibilités d’analyse et de projection (sur l’écran, en nous) mais aussi de perte, de brisure, d’isolement, de discontinuité. Temps et mouvement se trouvent bouleversés, les émotions se délient ou s’accentuent, une vision intérieure sécrète un « temps-mouvement du film qui est la condition de sa valeur d’hypnose », comme le résume Raymond Bellour.
Sébastien Ronceray, pour Braquage

Site Internet : www.braquage.org

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