Charley Chase : le clown oublié

Stan Taffel

À vingt-six ans, il conquiert Hollywood
À trente-six, il est le roi de la comédie
À quarante-six, il disparaît

Des centaines de films interprétés, écrits, réalisés, voire supervisés par un homme qui, à son époque, est considéré par beaucoup, comme beaucoup plus qu’un génie. Au contact de sa générosité, se forment ceux qui vont bientôt devenir les grands noms du cinéma. Il fait l’unanimité et ses films figurent parmi les merveilles de la réalisation et les bijoux de l’humour. Alors pourquoi Charley Chase a-t-il sombré dans l’oubli ? Que s’est-il passé pour que ses films moisissent au fond d’on ne sait quel coffre, des années durant, ou qu’ils subissent le sort fatal de la plupart des supports nitrate ?

Ce génie oublié naît à Baltimore, dans le Maryland, le 20 octobre 1893 sous le nom de Charles Parrott. Il n’est encore qu’un adolescent qu’il chante déjà dans les cinémas de la ville pour la plus grande joie du public. Ce succès et le fait d’écrire lui-même ses textes le conduisent tout naturellement à la scène. Rêvant de se produire ailleurs qu’à Baltimore, il débute au music-hall où il partage l’affiche avec d’autres artistes dans ce qu’on appelait à l’époque les « attractions », une nouveauté qui fait fureur.

Huit ans après son arrivée en Californie, Chase a déjà réalisé des films pour plusieurs studios, parmi lesquels Universal, Paramount, Fox et King Bee.

En 1913, il commence à travailler avec Mack Sennett, patron de Keystone Studio, chez qui il rencontre un autre comique plein d’avenir : Charlie Chaplin. Les deux se lient d’amitié et très vite, Chaplin demande à Chase de jouer dans ses films. Bien que ses participations soient modestes, la formation n’a pas de prix. Dans Dough and dynamite (1914), Chase joue le rôle d’un homme qui observe les faits et gestes des clients et du personnel d’un restaurant. Faits et gestes auxquels il réagit sobrement mais avec une précision redoutable. Si on le regarde, fascinés, ce n’est pas qu’il vole la vedette, mais qu’on s’identifie à lui. Il ne cède aux codes du burlesque qu’au moment où il reçoit un plat en pleine figure. Chaplin remarque le talent de Chase et, fait sans précédent, lui propose de partager la vedette d’un film intitulé His New Profession. Le succès du film ne change rien au regard de Sennett qui continue à ne proposer à Chase que des rôles sérieux. Peu de temps après, Chase quitte Keystone pour aller proposer ses services ailleurs.

En 1920, quelqu’un suggère à Hal Roach, producteur de films comiques, d’engager un acteur/réalisateur plein de ressources. Il s’agit bien sûr de Charles Parrott (dit Charley Chase) et celui qui glisse ce conseil n’est autre que son jeune frère, James Parrott, qui travaille déjà pour Roach. Convoqué par Hal Roach, le jeune artiste chevronné de 27 ans impressionne le nabab à tel point qu’il l’embauche comme Directeur Général. À l’époque, le studio Hal Roach est une petite entreprise qui ne produit que des sujets courts dont Harold Lloyd est la vedette. Roach, qui veut étendre le champ de ses activités à d’autres séries, sait que, grâce à son expérience, Chase est l’homme de la situation. Chase accepte la proposition et c’est ainsi que débute fortuitement une relation qui durera quinze ans. Chase a la responsabilité de l’intégralité des productions du studio, à l’exception des films avec Harold Lloyd. « Super Marrant », ainsi qu’on l’appelle gentiment, fournit matière à nombre de collections.

Quand Harold Llyod quitte Roach pour produire lui-même ses longs métrages, il laisse un grand vide. Se souvenant que Chase est acteur, Roach l’incite à faire un film format une bobine dont il serait le héros. Ça fait des années que Chase ne s’est pas trouvé devant les caméras et il envisage un échec avec réticence. Mettre en scène lui va très bien. Mais Roach finit par le convaincre et, à l’été 1923, il s’exécute.

S’il avait peur d’avoir perdu la main, c’était à tort. À sa sortie, en janvier 1924, le premier film, intitulé avec beaucoup d’à propos : At First Sight (à première vue) est un succès. Le film initie une série de trente autres qui sortent la même année. Le personnage joué par Chase s’appelle Jimmy Jump. C’est un de ces hommes insouciants des années vingt, toujours fringant, bien mis et séducteur chanceux, à l’opposé de la typologie de la plupart des films comiques à succès de l’époque.

Le génie de la série Jimmy Jump est tel qu’il sera copié ou repris par nombre de réalisateurs (dont Chase lui-même). Le ressort comique des films repose essentiellement sur la base d’une idée minuscule qui enfle dans des proportions absolument inimaginables. Dans All Wet (1924), Jimmy Jump qui se rend en voiture à la gare est victime d’ennuis mécaniques. C’est là toute l’intrigue, qui en fait un classique du genre. Un problème élémentaire et quotidien dégénère en une situation invraisemblable à laquelle on finit par croire. Avec Jimmy Jump, Chase devient le roi de la « comédie des tracas ».

Réalisés à partir de 1925 par Leo McCarey, les sujets courts des Jimmy Jump font un malheur dans le monde entier. Alors que Charlie Chaplin, Buster Keaton et Harold Llyod se consacrent désormais au long métrage, Chase peaufine son format en passant d’une à deux bobines par film. Et c’est là qu’il trouve sa vitesse de croisière.

Cette nouvelle durée lui permet d’étoffer les scénarios, de creuser les relations entre les personnages, et de laisser les situations se développer pleinement. Dans Isn’t life terrible (1925), Charley (c’est dorénavant le nom de Jimmy Jump) part en croisière avec sa famille. Le beau-frère, joué par Oliver Hardy, se propose d’arrimer une grosse malle qui doit être hissée à bord. Le noeud fait, la caméra recule pour nous montrer la malle s’élevant lentement au-dessus du quai et allant vers le bateau. Elle y est presque quand, le noeud se défaisant, elle tombe à l’eau où elle flotte un instant avant de disparaître à tout jamais. La scène est tournée en plan séquence et en temps réel sans que les acteurs ne bougent. Lorsque la caméra est enfin sur eux, on les voit immobiles, puis, choqués, se tourner vers Hardy qui leur sourit et annonce son soulagement de n’avoir rien perdu dans le drame. Tandis que la famille médite sa mésaventure, Hardy sort du champ.

Voici un exemple de comique époustouflant dans une séquence réalisée de main de maître et qui met en évidence la générosité de Chase. Loin de s’arroger tout le bénéfice de la comédie, il laisse les autres faire rire. (…)

Isn’t life terrible est réalisé par Leo McCarey qui collaborera à 45 autres aventures de Charley. (…) À eux deux, McCarey et Chase créent une magie cinématographique qui demeure encore une source d’inspiration aujourd’hui. Leurs films (dont seuls huit ont disparu) sont de véritables modes d’emploi de ce qu’il convient de faire pour réussir une comédie. L’ambiance détendue qui règne sur les plateaux des « Charley » permet de maintenir le stress au plus bas. Chase et McCarey se livrent souvent à des « boeufs » impromptus où tout le monde chante et joue de la musique. Ce sont ces moments de détente qui contribuent à l’éclosion de ce comique qui ravit le public, partout dans le monde.

Parmi les classiques de McCarey et Chase, Mighty Like a Moose, considéré comme le meilleur film format deux bobines de toute l’ère du muet, donne à Chase un double rôle sans trucage. Un mari et une femme qui ont eu recours à la chirurgie esthétique tombent amoureux l’un de l’autre sans se douter qui ils sont. La scène dans laquelle Charley se bat contre lui-même pour sauver l’honneur de sa femme est un classique. Dans Innocent Husbands, Charley « se manifeste » sous les traits d’un parent défunt pour convaincre sa femme qu’il lui est fidèle. Dans His Wooden Weeding, Charley est persuadé que sa future épouse a une jambe de bois. La scène où il imagine toute la famille, chien compris, dotée d’une jambe de bois est hilarante. Crazy Like a Fox réclame des prouesses de Chase qui joue les dingues pour se soustraire à un mariage arrangé et s’aperçoit au final que la fille dont il cherche à se débarrasser est en fait celle dont il rêve. Dans Bromo and Juliet, Chase est un Roméo qui, trouvant ses cuisses trop maigres, les rembourre avec des éponges. Courant pour arriver au théâtre, il passe sous un arrosage automatique et écope de « muscles » surdimensionnés.

Lorsque McCarey quitte le studio, James, le frère de Chase, prend le relais. Le département Chase, en dépit des changements d’équipe incessants, est devenu un excellent terrain d’apprentissage, et la production de films se poursuit sans que ceux-ci soient affectés par l’avènement du parlant. Les « Charley » sonorisés ont le même succès que les muets.

Tanné par Hal Roach, Chase se résout à produire un long métrage qui s’intitule Bank Night. Trop vite sorti en salle, le film n’a pas bénéficié de la post-production souhaitée. À l’avant-première, il fait un bide. Ramené à deux bobines et rebaptisé Neighborhood, le film devient le 59e et dernier sujet court produit par le studio au lieu d’être le premier long métrage de Chase. Après quinze ans de collaboration, Roach laisse partir Chase.

En 1937, Columbia a conservé un département courts métrages. Chase y trouve la possibilité de jouer dans de nouvelles séries et d’écrire des films pour d’autres metteurs en scène. Bien que les films pour la Columbia ne supportent pas la comparaison avec ceux du studio Roach, Chase réalise quelques merveilleux courts métrages (sur les vingt qu’il produit et dans lesquels il joue, il en est quatre dont personne ne connaît l’existence !).

Le bruit court alors à Hollywood que Chase est prêt pour un retour fracassant. Il est question d’un long métrage. Et avant ça d’un spectacle comique à Broadway. Mais quelques jours avant de signer son contrat, Chase se livre à une énième beuverie qui lui est interdite. Il rentre chez lui, se couche et ne se réveille plus jamais. Le 20 juin 1940, Charley Chase succombe à une crise cardiaque. Il a quarante-six ans.

Retrouver les films de Charley Chase incombe dorénavant aux conservateurs, collectionneurs et admirateurs. Sachant qu’il existe plusieurs versions d’un même film dans un état de conservation variant de l’une à l’autre, un mouvement destiné à redonner vie à ce monument du cinéma américain voit le jour. Grâce à des copies d’une qualité exceptionnelle, le travail d’un homme dont les court métrages furent salués, tant par la critique que par le public, est porté à la connaissance de tous. Les conservateurs et collectionneurs qui ont « adopté » Charley Chase, le bichonnent, le restaurent et lui rendent la place qu’il mérite dans l’histoire du cinéma. Ainsi, « Charley l’amuseur » peut enfin montrer aux spectateurs d’aujourd’hui ce qui faisait rire ceux d’hier et force est de constater que le ressort marche toujours.

traduction de Catherine Gibert

Charley Chase, l’homme sans qualités du burlesque américain

Stéphane Souchu

Charley Chase, actif entre 1913 et 1939 dans le cinéma américain comme comédien et metteur en scène, incarna à partir de 1924 dans des courts-métrages un personnage aujourd’hui oublié mais qui connut à l’époque une grande popularité, passant du muet au parlant avant de disparaître peu à peu des écrans. Pour tenter de définir ce personnage, il faut commencer par une généralité : le burlesque à l’époque de cinéma muet tend à une dilution générale du génie propre au genre. Nul doute que Buster Keaton, Charlie Chaplin et quelques autres produirent les chefs-d’oeuvre dont s’autorisèrent les critiques pour distinguer, dans la masse des films burlesques américains, la marque d’artistes exceptionnels. Concentrée dans les films de ces figures emblématiques qui l’ont portée selon l’expression consacrée à son sommet, l’excellence burlesque est aussi l’apanage d’humbles faiseurs dénués de hautes ambitions artistiques. Passés à côté de la postérité, ces petits Maîtres du genre burlesque ont souvent produit une oeuvre inégale, variée et pléthorique, qui risquerait de faire désordre dans un Panthéon. Pourtant, eux aussi connurent de riches heures, à l’époque ou les usines à gags tournaient à plein régime par la grâce d’une prodigalité aveugle : Charley Chase est de ceux-là. Assuré (et rassuré) de ne pas avoir à faire à un génie ou un monstre sacré, c’est l’esprit disponible qu’on voit les films de Charley Chase, et pour cette raison, la découverte est réjouissante. Héros quelconque d’un genre parachevé, l’aisance comique du personnage est redevable de cette énorme machine routinière qu’est devenue l’industrie du burlesque au milieu des années 20, et dont le cadre représentatif tend dans de nombreux films à s’embourgeoiser. Difficile finalement de se faire une nette opinion au sujet de ce séducteur ambivalent. Impossible pourtant de ne pas voir se dessiner dans les films présentés à La Rochelle, réalisés par Leo McCarey et réputés être ses meilleurs, les contours d’un petit univers original et rutilant à l’enseigne d’un burlesque tardif.

Débutée auprès de Mack Sennett à la compagnie Keystone, l’essentiel de la carrière de Charley Chase a pour cadre les studios du producteur Hal Roach, qu’il intègre en 1920 comme metteur en scène. Le succès phénoménal que rencontre Charlie Chaplin dés 1915 marque à l’époque une rupture dans la production du burlesque. Roach, jeune producteur avisé, comprend qu’une « starification » des acteurs comiques est en cours ; il décide de produire des séries avec un personnage en vedette, et mise tout sur Harold Lloyd qui devient une célébrité effective à la fin des années 10. C’est pour compenser son départ des studios en 1923 que Chase se voit confier par Roach la première place dans une nouvelle série de courts-métrages.

Il y a quelques points communs entre Harold Lloyd et Charley Chase, élaborant l’un après l’autre pour les studios Roach des personnages qui gagnèrent leur singularité à s’affranchir nettement de la référence à Chaplin, forte et inévitable influence des deux acteurs à leurs débuts. Lloyd et Chase devront leur succès d’avoir interprété des jeunes hommes fringants, dont la situation sur l’échelle sociale oscille d’un film à l’autre, allant du modeste employé au milliardaire oisif avec toutes sortes de figures intermédiaires. Mais le personnage du vagabond lunaire et asocial n’entre pas dans cet éventail. Visuellement, les marques deviennent moins exubérantes : chez eux, nul accoutrement vestimentaire ou gestuelle particulière comme signe avant-coureur d’une irréductible asociabilité, et qui maintient le personnage en situation d’exil permanent vis-à-vis de son environnement (comme chez Chaplin exemplairement). Au trait caricatural se substitue le graphisme d’un personnage polyvalent et banal : chez Lloyd, les lunettes rondes, la chevelure épaisse, le canotier et une propension à se vêtir d’habits clairs. Chez Chase, une fine moustache, la raie bien dessinée dans des cheveux gominés, suffisent à camper un personnage minimum, avec en plus quelque chose qui demeure dans sa silhouette comme le vestige d’un burlesque originel : épaules étroites, oreilles décollées.

Ce processus de normalisation du personnage de comédie pour renforcer chez le public un mode d’identification direct aboutira dans les films de Lloyd à la formulation d’un personnage énergique qui marquera fortement les esprits. Véritable pile électrique, celui-ci interprète toujours avec sourire et ingénuité des personnages coriaces, voire teigneux. Il sera l’incarnation d’un type idéal de l’Amérique, optimiste et parvenant toujours à ses fins à force d’efforts, mélange d’un burlesque physique et de béhaviorisme libéral.

Charley Chase s’engage sur une autre voie, mélange d’un burlesque loufoque et de réalisme domestique. Jimmy Jump, le personnage interprété par Chase dans une première série de films, est parfaitement intégré socialement, mais souffre d’une faiblesse de caractère. Tout un comique se met en place autour de son immaturité et de son incapacité à affronter les situations difficiles, et de ses tentatives de contourner le moindre obs
acle par une parade saugrenue. Proie idéale des farces de ses collègues, ce jeune homme jovial, soigné et bien élevé, est un timide maladif. Souvent confronté à une épouse jalouse et à des personnages brutaux qui ont barre sur lui, Jimmy Jump ne sort pas transfiguré par les épreuves qu’il traverse malgré lui de façon parfois lamentable, sans mobiles (sinon gagner le coeur d’une jeune femme) ni valeurs morales à défendre ou faire valoir. Il arrive même dans certains films que pointe chez le personnage un sentiment d’amertume quand le sort s’acharne contre lui. Chase semble avoir été bien peu préoccupé d’attribuer à son personnage quelque trait positif plutôt qu’une lâcheté indécente : voilà sans doute pour une part l’explication de la toute petite place réservée à cet american boy dans la Grande histoire du cinéma hollywoodien. Mais cet anti-héros névrosé et vulnérable, pour se sortir des situations embarrassantes, peut aussi réagir par de brusques accès de folie, grands et petits réels ou simulés, qui font sa puissance comique.

Leo McCarey, metteur en scène débutant engagé par Roach à la même époque, prend peu à peu le contrôle artistique des Studios Roach. Il devient le réalisateur attitré des films de Charley Chase. Sous sa direction, Chase investit des rôles de séducteurs issus de la bonne société, dans des comédies vaudevillesques. La mise en scène et le montage serré organisent le chassé-croisé de personnages autour d’un imbroglio conjugal dans l’enceinte d’une maison bourgeoise. Le rythme est enlevé, mais sans hystérie ; Chase y met son grain de folie et suffisamment d’élégance pour que se dégage de certains de ces films avant l’heure un indéniable parfum de comédie américaine (sophistiquée ou loufoque), dont McCarey sera quelques années plus tard l’un des maîtres d’oeuvre. Précurseur d’un personnage de dandy charmeur et sans arrogance tel qu’il aura cours dans le parlant ? Chase est en fait bien plus ou bien moins que cela, d’abord parce qu’on demeure toujours dans un monde burlesque, même si on se prend parfois à l’oublier (mais le genre se charge de se manifester inopinément dans ses films à l’attention du spectateur distrait. Un coup de feu par exemple, sera tiré de préférence dans les fesses sans autre conséquence que de faire bondir la victime au plafond). Avec Chase s’établit un rapport du spectateur aux images tel qu’il paraît répondre à de nouvelles exigences ; après une intense période de codification du médium cinéma, l’époque semble accéder à une demande basique qui flotte comme au-dessus de ces films, plus impérieuse que les règles du genre. Chase, héros de série, n’en finit pas d’incarner cet homme américain moulé dans des images toutes différentes, toutes semblables, toutes possibles : petit employé, grand avocat, fil à papa, père de famille. Mais sans jamais donner le gage d’une quelconque épaisseur, pas même la stricte présence corporelle du burlesque réduite dans certains films au minimum : Chase est juste trim (ce qui signifie en anglais : soigné, élégant svelte). Juste une tête à chapeaux, un sourire éclatant, acteur et personnage semblant armé d’une même et unique certitude pour tenir à l’image : celle d’être charmant.

Sans doute faut-il pour redonner à Chase la place qu’il mérite, plutôt que des maîtres du genre invoquer l’image d’une grande famille de comiques irrécupérables et mutants à cheval entre le muet et le parlant : Laurel et Hardy, les Marx Brothers, W.C.Fields, les 3 Stooges… Car sur son personnage burlesque, la greffe du héros moderne et américain n’aura pris qu’en apparence. Charley Chase, fils indigne de l’Amérique, est ce qu’on appelle un monstre.