Joseph Cornell

Cinéaste, Etats-Unis

Joseph Cornell, né le 24 décembre 1903 à Nyack dans l’État de New York et mort le 29 décembre 1972, était un sculpteur américain, comptant parmi les pionniers de l’assemblage. Bien qu’influencé par Max Ernst, dont il découvre les collages exposés à la galerie Julien Levy, en 1931[1], et le surréalisme, Joseph Cornell est un farouche indépendant. En janvier 1938, il participe à l’Exposition internationale du surréalisme organisée à l’École des Beaux-Arts de Paris. Pour André Breton, Joseph Cornell a « médité une expérience qui bouleverse les conventions d’usage des objets. »

Il a aussi été un cinéaste expérimental. Joseph Cornell a vécu la majeure partie de sa vie à New York où il habitait dans le quartier de Flushing[3] avec sa mère et son frère Robert, handicapé par une paralysie cérébrale. Les œuvres de Joseph Cornell les plus caractéristiques sont des assemblages créés à partir d’objets trouvés. Ce sont la plupart du temps des boites en bois à couvercle vitré, dans lesquelles il a rassemblé des photos ou des objets divers. Certaines de ces boites, comme celles de la série des Medici Slot Machine, sont interactives et prévues pour être manipulées. Comme Kurt Schwitters, Cornell pouvait créer de la poésie à partir d’objets banals ; mais il était surtout attiré par les fragments d’objets autrefois précieux qu’il pouvait découvrir dans les échoppes de brocanteurs de New York. Ses boites relèvent de la technique surréaliste de la juxtaposition irrationnelle et leur séduction provient souvent de la nostalgie qu’elles dégagent. Toutefois Cornell ne s’est jamais considéré comme un surréaliste, tout en admirant le travail d’artistes comme Max Ernst et René Magritte. Il a également été en contact avec certains membres du groupe surréaliste installés aux USA pendant la 2e guerre mondiale. Par la suite il a été revendiqué comme précurseur du pop art et de la pratique de l’installation. En plus des assemblages dans des boites, des collages et des courts métrages, Cornell conservait plus de 160 « dossiers » documentaires sur des sujets qui l’intéressaient et dont il tirait du matériau pour la création de ses boites. Ces dossiers concernaient par exemple les starlettes de Hollywood auxquelles il envoyait des boites qui leur étaient dédiées. Cornell s’intéressait également aux oiseaux et il a créé dans les années 40-50 la série de collages “Aviaries” qui leur est consacrée. Le film “Rose Hobart” (1936) a été entièrement composé par Cornell à partir d’images trouvées dans des entrepôts du New Jersey, la plupart provenant d’un film de série B intitulé « A l’Est de Borneo ». Pour les rares projections qui ont eu lieu de ce film, Cornell faisait entendre le disque de Nestor Amaral, ‘Holiday in Brazil’ et diffusait le film à travers un filtre bleu foncé pour lui donner un aspect onirique. Le film a été présenté à la Julien Levy Gallery en décembre 1936 dans le cadre de la première Exposition Surréaliste au Museum of Modern Art de New York. Salvador Dalí, présent à New York pour le vernissage au MoMA, était présent et le film a déclenché sa fureur, Dali proclamant qu’il avait eu lui-même l’idée d’appliquer au cinéma les techniques du collage. Dali a fait remarquer à Cornell qu’il ferait mieux de s’en tenir à ses boites et celui-ci, de nature timide, a renoncé à montrer ses films en public.