Jean Cayrol

Cinéaste, France

Jean Cayrol (Jean Raphaël Marie Noël Cayrol), né le 6 juin 1911 à Bordeaux, décédé dans la même ville le 10 février 2005 est un poète, romancier, essayiste et éditeur français.

Dès son adolescence, il se consacre à l’écriture et fonde à l’âge de 16 ans une revue littéraire avec Jacques Dalleas. C’est la voie qu’il choisit après l’échec de son doctorat en droit. Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Cayrol s’engage dans la Résistance (réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy). Il est arrêté en 1942, après avoir été dénoncé et est déporté N.N. (Nacht und Nebel) au camp de concentration de Mauthausen-Gusen (camp Gusen I). Cette expérience a nourri ses Poèmes de la nuit et du brouillard. Au camp de Gusen, Jean Cayrol rencontra le Père Jacques de Jésus, un carme français déporté pour avoir caché des enfants juifs dans le collège d’Avon dont il était directeur. Ce prêtre mourut peu après la libération du camp par l’armée américaine. Jean Cayrol lui dédiera « Chant funèbre à la mémoire du Révérend Père Jacques » en ces termes : « Pour mon plus que frère, le R.P. Jacques du carmel d’Avon (…) qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d’épuisement à Linz, le 2 juin 1945 ».

Jean Cayrol a obtenu le Prix Renaudot en 1947 pour son roman Je vivrai l’amour des autres, le Grand Prix littéraire de Monaco en 1968 pour l’ensemble de son œuvre et le Prix international du Souvenir en 1969. Il a été membre de l’Académie Goncourt de 1973 à 1995. Il a également participé, comme scénariste ou réalisateur, à quelques films et téléfilms, dont au moins cinq courts-métrages. L’un de ces derniers, Nuit et brouillard, dont il a écrit le commentaire, a vivement impressionné des générations entières de spectateurs depuis 1955. Au début des années 1950, il entre comme éditeur aux éditions du Seuil, et y restera jusqu’à la fin des années 1970. Son passé et son tempérament discret lui font éviter de se montrer en société, même après son élection à l’Académie Goncourt. En revanche, il se montre actif comme éditeur : son goût et sa patience lui font découvrir et publier des auteurs alors inconnus qui trouveront leur voie, comme Philippe Sollers, Didier Decoin, Roland Barthes, Erik Orsenna, Bertrand Visage, Marcelin Pleynet, Denis Roche ou encore Kateb Yacine.

Beaucoup d’entre eux suivront l’exemple de Jean Cayrol pour devenir d’importants découvreurs de jeunes talents littéraires. L’écriture de Cayrol, dominée par la figure de Lazare, revenu d’entre les morts, représentation du retour de l’univers concentrationnaire, s’est toujours située dans une modernité radicale, avant même l’émergence du « nouveau roman ». Les personnages sont passifs et anonymes face à un monde dépourvu de sens, dans un espace détaché de la conception narrative classique. Jean Cayrol a lui-même donné son aval, par ses écrits et autres participations, à l’élaboration du vocable « lazaréen » pour qualifier divers genres artistiques modernes, principalement teintés de l’expérience de la Seconde Guerre mondiale.