Zhao Dan

Acteur, cinéaste, Chine

Zhao Dan, de son vrai nom Zhao Feng-ao, naquit en 1914 à Yangzhou, dans le sud de la Chine. Il tenait de son père son goût prononcé pour la calligraphie, la peinture et le théâtre. Adolescent à Nantong où il découvrit le théâ-tre moderne de style occidental, Zhao Dan organisa le « Petit Théâtre » avec ses camara-des de lycée, Gu Eryi, Zhu Jinming, Qian Qianli, etc — autant de noms devenus célèbres par la suite dans le cinéma — et il monta entre autres des pièces du dramaturge de gauche Tian Han, futur parolier de l’hymne national chinois. A dix-huit ans, étudiant de la section de peinture traditionnelle aux Beaux Arts de Shanghaï, il mit sur pied une nouvelle troupe de théâtre qui allait, après l’Incident du 18 septembre 1931 (occupation de la Manchou-rie par les Japonais), jouer dans les usines et les écoles des pièces, lesquelles avaient pour nom « Résolution » ou « SOS ».11 fit partie alors de l’Alliance des gens de théâtre de gauche. Vers 1936, Zhao Dan était devenu une figure connue de l’Association des troupes d’ama-teurs de Shanghaï ; on le vit dans plusieurs pièces étrangères, dont « Nana », « Roméo et Juliette », etc. Sa carrière d’acteur de cinéma, elle, débuta en 1932 avec le film muet « La plainte printa-nière du pipa » produit par la Minghsing Film Company, l’une des trois grandes maisons de production de l’époque à Shanghaï. De 1932 à 1936, il allait jouer dans une trentaine de films produits par la même compagnie, sous la direction de réalisateurs chevronnés, tel Zhang Schichuan, et progressites comme Shen Xiling, « Carrefour » et « Les anges du boule-vard », sortis en 1937, le consacrèrent comme une superstar du cinéma shanghaien. Il avait alors 23 ans. En 1938, Zhao Dan se rendit dans le Xing-jiang avec des amis, dont Zhu Jinming, son camarade de lycée — qui fut par la suite le directeur de la photographie de nombreux films, dont « San Mao le petit vagabond » — pour y développer une activité théâtrale patrioti-que. Accusés de communisme, il furent jetés en prison par le seigneur de guerre local, Sheng Shicai. Libéré cinq ans plus tard, il retourna à Tchongking, puis, après la défaite japonaise (1945), à Shanghaï. Zhao Dan réalisa alors un film, « Le retour dans la gloire », avec son ancien camarade de classe, Gu Eryi, comme scénariste et acteur principal. Cependant l’acteur reprit bientôt le dessus et il joua dans la plupart des films pro-duits par le Kuen Luen Film Company, dont « Corbeaux et moineaux » jugé comme le meil-leur film shangaïen de l’après-guerre par cer-tains spécialistes. Après la victoire communiste de 1949, Zhao Dan joua dans un dizaine de films où, inva-riablement, le rôle du personnage « positif » principal lui échut. Il les incarna avec sensibi-lité, en prenant une part active à la création, puisant parfois son inspiration dans le théâtre classique. Il réalisa également quatre films pendant cette période. En 1966, éclata la « révolution culturelle ». Zhao Dan fut persécuté comme l’ensemble du monde artistique chinois. Madame Mao, ancienne actrice à Shanghaï dans les années 30, fit perquisitionner, par les hommes de Lin Piao, tout particulièrement le domicile de Zhao Dan pour mettre la main sur des vieilles lettres et photos qu’elle jugeait devenues com-promettantes pour une épouse présidentielle. Pour la deuxième fois de sa vie, Zhao Dan connut la prison pour cinq ans, et une Inter-diction de travailler qui allait durer dix ans. Réabilité après 1976, Zhao Dan était en train de jouer dans une coproduction sino-japonaise au titre prémonitoire de « Partie de Go inachevée », lorsque la maladie le contrai-gnit à quitter le tournage. Il mourut le 10 octobre 1980 à Pékin, laissant des écrits pos-thumes inachevés sur l’art théâtral et cinéma-tographique chinois et un testament contro-versé sur la création et le parti. Sa vie, consacrée à l’art — il laissa aussi une œuvre considérable en peinture traditionnelle — peut se résumer par ce poème qu’il écrivit : « Gloires soudaines ou déchéances subites ? [Chances nécessaires. Deux séjours au cachot : [me voilà toujours plus jeune. J’ai goûté la joie, [j’ai ressenti l’amertume, Qu’importe si la poursuite de l’Art [ me mène en Enfer ».
Jean-Paul Tchang

Filmographie A réalisé :
1947 « Le retour dans la gloire » 1953 « Bénis soient les enfants » 1958 « Evergreen » 1964 « La romance de la montagne bleue »
Acteur dans : 1932 « Plainte printanière du pipa » de Li Pingqing. 1933 « Les enfants du temps présent », de Li Pingqing. 1933 « 24 heures à Shanghaï », de Shen Xiling. 1934 « Allons vers le Nord-Ouest » de Cheng Bugao. 1934 « Nostalgie » de Shen Xiling. 1934 « La prière de la fille » de Zhang Shichuan et Cie. 1934 « L’ennemi de la femme » de Chen Jianran. 1934 « Les trois soeurs » de Li Pingqing. 1934 « La ligue de la jeunesse » de Yao Sufeng. 1935 « La grande famille » de Zhang Shichuan. 1935 « Le parfum de la nuit » de Cheng Bugao. 1935 « Le cheval de jade » de Xu Xianfu. 1935 « Les intrépides de la loyauté » de Zhang Shichuan et Cie. 1935 « Quand les fleurs se fanent » de Wu Chun. 1936 « » de Ouyang Yuqing. 1936 « Le droit de la femme » de Zhang Shichuan. 1936 « La fête des morts » de Ouyang Yuqing. 1937 « Carrefour » de Shen Xiling. 1937 « Les anges du boulevard » de -Y an Muzhi. 1939 « Les enfants de la patrie » de hen Xiling. 1947 « L’amour lointain » de Chen Liting. 1947 « La rhapsodie du bonheur » de Chen Liting. 1948 « On n’enferme pas le printemps » de Wang Weiyi. 1949 « Le chemin de l’être pur » de Chen Liting. 1949 « Corbeaux et moineaux » de Zheng Junli. 1956 « Li Shizhen » de Shen Fou. 1956 « Pour la paix » de Huang Zuoling. 1957 «L’âme de la mer » de Xu Tao. 1959 « Lin Zexu » (La guerre de l’opium) de Zheng Junli. 1959 « Nie Er » de Zheng Junli. 1960 « Les véritables héros sont les héros contemporains » de Zhao Ming. 1964 « La romance de la montagne bleue » de Zhao Dan. 1965 « Immortels au milieu des flammes » de Shui Hua