Simone Berriau, Catherine Fonteney, Georges Vitray, Marc Valbel, Jacqueline Daix, Maurice Devienne, Lucien Nat
L’action se déroule entre 1890 et les années 1920 et met aux prises sept personnages : une femme, Annette Dupont ; son mari, son amant, le fiancé romantique qu’elle a plaqué autrefois, et qui finissent tous trois par la considérer, avec le recul du temps, comme l’ennemie commune ; un docteur confident (rôle assez bref et sans nécessité, estompé dans le film) ; enfin deux « moins de vingt ans » : la fille de la dame et son amoureux. Les trois « victimes » masculines se rencontrent dans l’au-delà et se révèlent mutuellement les péripéties de leurs liaisons terrestres. Se greffant sur ce « dialogue des morts » insolite, et point trop encombré de mots d’auteur, un tourbillon de fumée très faustien enveloppant le tout, une deuxième aventure se déroule parmi les vivants : la belle audacieuse qui a berné (et enterré) son mari et ses deux amants, s’apprête, lorsque le film commence, à marier bourgeoisement sa fille. Celle-ci va-t-elle subir le même sort tristement (ou délicieusement, selon les goûts) conjugal, avec ses à-côtés, que sa mère ? C’est là que les trois ombres, d’un commun accord, décident d’intervenir. Elles vont infléchir la destinée dans un sens résolument révolutionnaire : l’amour l’emportera sur la raison. Plaquant là les invités ahuris de sa propre noce, la jeune fiancée, se refusant à être « vendue » tout comme l’une des précédentes héroïnes d’Ophuls, parviendra à s’enfuir avec son amoureux sincère (et peu fortuné), échappant du même coup à un milieu frelaté où le bonheur se définit explicitement par de vaines promesses qui sont autant de pieux mensonges.