Lettre d’une inconnue

Max Ophuls

35mm — noir et blanc — 1h30 — 1948

Titre original Letter From an Unknown Woman Scénario Max Ophuls, Howard Koch, d’après la nouvelle de Stefan Zweig Image Frank Planer Musique Daniele Amfitheatrof Décors Russel A. Gausman, Ruby R. Levitt Montage Ted J. Kent Production Rempart Production Interprétation

Joan Fontaine, Louis Jourdan, Mady Christians, Marcel Journet, John Good, Carol Yorke, Art Smith, Otto Waldis, Leo B. Pessin, Howard Freeman, Sonya Bryden, Erskine Sandford

Un pianiste célèbre, Stefan Brand, reçoit un soir une lettre adressée par une inconnue, Lisa Berndle. Elle lui révèle qu’elle lui a toujours voué un amour exclusif, sans qu’il s’en aperçût jamais. Quelques rencontres furtives à plusieurs années d’intervalle, une brève idylle ébauchée au Prater, une ultime étreinte un soir de fête, aussitôt oubliés par l’inconstant, furent les seuls moments de bonheur qu’elle goûta auprès de son volage amant. Un enfant lui est né qui ne connaîtra jamais son père puisqu’il vient d’être emporté par une épidémie de typhus. Elle-même est contaminée, a fui son foyer et lui écrit d’un hospice. Les dernières lignes sont de la main d’une sœur infirmière : la jeune femme est morte avant d’avoir pu terminer sa lettre. Stefan est effondré à cette lecture. Il comprend tout à coup le sens de la provocation en duel que lui a adressée la veille un diplomate viennois. Il s’y rendra comme à un dernier rendez-vous, non frivole celui-là.

À noter que la nouvelle de Stefan Zweig avait déjà été portée à deux reprises à l’écran : en 1929 par l’Allemand Alfred Abel, sous le titre L’Inconnue, et au début du parlant, par un cinéaste amateur, Paul Cleva.

« L’art du récitatif, de la transparence romanesque (on pourrait aussi bien dire musicale), que l’on trouve dans presque toutes les intrigues ophulsiennes, atteint là son apogée. L’impondérable du temps qui passe, le cours de l’existence que l’on voudrait endiguer, je ne sais quel frémissement plus subtil que celui de la vie elle-même, « le lent et douloureux cheminement de l’amour dans l’ombre et à l’insu de celui qui en est l’objet » (José Zendel), la poignante nostalgie qui se dégage de tout cela, autant de thèmes traduits avec une tendresse arachnéenne et qui planent, tel un poème de Verlaine, dans les brumes délicates du souvenir… Rarement le dépaysement romantique nous a paru atteindre, sur l’écran, une aussi exquise pureté. »

Claude Beylie, Max Ophuls, Éd. Lherminier, 1984