La caméra de Chantal Akerman explore un petit hôtel new-yorkais.
« L’immobilité de la caméra, plantée au milieu d’un endroit qui nous échappe à mesure qu’elle nous le montre. La lenteur de plans où rien ne se passe et qui font pourtant attendre que quelque chose advienne. La répétition de séquences presque identiques en une ritournelle silencieuse. L’impossibilité de lire dans les pensées. Les couloirs vides. Les portes closes. Tout un monde coupé du monde et fermé sur lui-même, où les choses adviennent sans que rien n’en soit dit et dont personne n’a l’idée de dévier le cours. Le temps lui-même semble n’avoir plus cours. Il se fige le temps du film. Et […] en voyant, depuis un toit-terrasse, la ville de New York se réveiller sans jamais s’être endormie, je me dis aujourd’hui que revoir Hôtel Monterey, c’est peut-être tout simplement refuser obstinément de dire au revoir à Chantal Akerman. »
Marcelline Delbecq, Trafic n° 97, printemps 2016