La Boutique de la famille Lin

Shui Hua

35mm — couleurs — 1h22 — 1959

Titre original Linjia puzi Scénario Xia Yan, d’après une nouvelle éponyme de Mao Dun Image Quian Jiang Musique He Shide joué par l’Orchestre de musique traditionnelle du Studio Central du Film Documentaire et d’Actualité, dirigé par Feng Guangtao Production Studio de Pékin Interprétation

Xie Tian, Ma Wei, Han Tao, Liang Xin, Cai Yuanyuan, Guo Bing, An Ran, Lin Bin, Yu Zhongyi, Yu Lan, Zhao Zhiyue, Feng Shun

Septembre 1931. Dans la province du Zhejiang, la nouvelle de l’invasion de la Mandchourie par le Japon provoque un boycott des marchandises japonaises. Le patron Lin est bien embarrassé : il ne vend presque que ça. Quelques pots de vin habilement distribués lui permettent cependant de continuer à vendre son stock sous l’étiquette « Made in China ». La guerre qui se rapproche, amenant son flot de réfugiés, lui procure de belles occasions de réaliser de fructueuses opérations. Mais il n’est qu’un petit boutiquier désarmé face à plus gros que lui. Quelques fausses rumeurs lancées par des concurrents jaloux, et ses créanciers l’assaillent. On lui propose un marché : le silence contre la main de sa fille donnée au chef de la police. Il refuse et est aussitôt arrêté pour malhonnêteté. Sa famille offre toutes ses économies pour obtenir sa libération. Même libre, la partie est perdue pour lui. Il n’a plus aucun crédit sur la place. Une nuit, il s’enfuit avec sa fille pour la sauver des griffes du chef de la police. Dès le lendemain, la foule de ses créanciers envahit la boutique. Furieux de s’être fait jouer, le chef de la police fait tirer dans la foule. Le film s’achève sur cette scène de panique et de massacre.

Notes
Dès 1933, Xie Yan avait eu l’intention de porter à l’écran cette nouvelle de Mao Dun qui venait d’être publiée dans le même recueil que Les Vers à soie du printemps. Finalement, il dut se contenter d’adapter la seconde et ne repris son projet initial que vingt-cinq ans plus tard. Réalisé en plein Grand Bond en avant, La Boutique de la famille Lin dénote avec la production militante de cette époque. Le sujet en était scabreux. Certes, il s’agissait de mettre en scène les noirceurs de l’ancienne société, mais le choix d’une famille petite bourgeoise comme centre du récit était pour le moins peu orthodoxe. Le petit boutiquier Lin était-il à classer dans le camp des exploiteurs ou dans celui des exploités ? Fidèle à la nouvelle de Mao Dun, qui était en 1959 ministre de la Culture, Xie Yan et Shui Hua refusèrent de trancher la question. Dans une lettre adressée à Xie Tian, Xia Yan écrivit : « On ne peut pas présenter Lin comme 100 % négatif ; mais ce n’est pas une raison pour en faire un personnage sympathique. » Cette prédilection pour les sujets « douteux » n’échappa pas aux Gardes rouges qui firent de Xia Yan l’un de leurs souffre-douleur. N’était-il pas aussi l’auteur, avec le même Shui Hua, d’une autre herbe vénéneuse, Une famille révolutionnaire ?