La Cinémathèque de Bologne, qui est aujourd’hui une fondation, est née il y a cinquante ans de l’intuition du Maire et de l’Assessore à la Culture de l’époque, Renato Zangheri, qui jugeait qu’une mairie moderne devait se munir également, à coté des institutions communales les plus traditionnelles, d’une Galerie d’Art Moderne et d’une Cinémathèque
L’idée d’archives cinématographiques ne naissait pas seulement d’une intuition politique. Bologna n’a pas été, jusqu’à une époque récente, un lieu de production du cinéma. Après la Seconde Guerre mondiale, elle est devenue une ville où le cinéma a été discuté, approfondi, grâce à des grandes personnalités de la critique d’Art comme Roberto Longhi et Francesco Arcangeli, à de grands critiques cinématographiques comme Renzo Renzi, qui créa justement à Bologne la première collection adulte de l’édition cinématographique, « Dal soggetto al film » (Du sujet au film), pour l’éditeur Cappelli. Ce n’est certainement pas un hasard si la première salle d’art et essai italienne, le cinema Roma, est née à Bologne, en 1968 grâce à l’initiative d’un gérant éclairé, Luigi Pizzi, et d’un groupe d’intellectuels d’origines culturelles et politiques différentes. Réunis en 1962 dans la Commission consultative pour les activités cinématographiques de la Mairie de Bologne, ils constituèrent ensemble le noyau à partir duquel la Cinémathèque naquit et généra ses activités successives.
À côté des archives (un considérable patrimoine de films, photos, affiches, livres, documents, plusieurs fonds prestigieux, dont ceux de Chaplin et Pasolini), la Cinémathèque dispose aujourd’hui de deux salles: les cinémas Lumière, salle Mastroianni et salle Scorsese. La salle Mastroianni programme des films d’art et essai, en exclusivité, en version originale sous-titrée. La salle Scorsese est un ciné-club qui programme chaque jour trois films différents, les classiques de l’histoire du cinéma, les meilleurs films de la saison, les œuvres ou les cinématographies que le marché italien ignore. Une forte attention est portée au cinéma italien, aux documentaires, aux films indépendants. Les événements de « Il Cinema Ritrovato », « Visioni italiane », « Human Rights Film Festival », les projections estivales en Piazza Maggiore de « Sotto le stelle del cinema » complètent le riche programme annuel qui présente plus de 1500 films pour plus de 200000 spectateurs.
Une proposition vaste, multiple, diversifiée. Nous croyons que c’est la contribution la plus importante qu’une institution culturelle puisse apporter à une démocratie de la vision, en particulier dans un pays comme l’Italie, intoxiqué par des décennies de mauvaises chaînes télévisées qui font voir toujours les mêmes films, les mêmes spectacles, le même étourdissant et uniforme blabla.
Mais le premier problème d’une programmation qui se veut exigeante et plurielle, c’est l’accès aux copies. À partir de la fin des années 1980, la Cineteca donne naissance à son propre laboratoire de restauration. Cela nous a permis d’enrichir notre collection d’œuvres qui, autrement, seraient inaccessibles, de développer une recherche sur l’histoire du cinéma et de restaurer, aujourd’hui, plus de mille titres.
Le programme que nous proposons au Festival International du Film de La Rochelle est constitué de trois parties: les restaurations des films Mutual de Chaplin réalisées en collaboration avec Lobster et Blackhawk, quatre films italiens, très indépendants et méconnus qui permettront d’avoir une idée plus riche de la culture italienne et de son cinéma, et enfin, la découverte des films de Mario Ruspoli rendue possible grâce à Florence Dauman.