Mike Hoolboom
Cinéaste, Etats-Unis
Né à Toronto en 1959, critique et conservateur, d’origines néerlandaise et indonésienne, prolifique et aux talents variés, Hoolboom se révèle être, au milieu des années 80, l’une des personnalités les plus spontanées et les plus énergiques du cinéma expérimental canadien.
Dans ses premiers films tournés avec la caméra Super 8 de son père, il travaille à démonter les mécanismes du montage cinématographique afin de remettre en question le langage et le récit. Cette ambition structurelle prend ensuite une coloration plus narrative, sur le mode de l’essai ou du journal intime. Il s’inspire alors d’images et de souvenirs autobiographiques pour appuyer son étude. Il utilise ainsi les séquences inutilisées et recyclées de ses autres films pour en produire de nouveaux. Cet acte d’actualisation fait écho aux thématiques de la mort, de l’enfance, du corps et de la mémoire. Il apprend en 1989 qu’il est séropositif. Ces films prennent dès lors une dimension plus politique. Dans « House of Pain » (1995), il provoque son public avec des images de transgression sexuelle toujours plus explicites. À la fin des années 1990, son oeuvre aborde les problèmes de la perception dans une culture de masse saturée d’images. « Dear Madonna » (1996), « In The Future » (1998) et « In My Car » (1998) rassemblent des images provenant de clips musicaux, de superproductions hollywoodiennes, du cinéma d’art européen et de la télévision commerciale. En les recontextualisant, Hoolboom change leur signification et invite son public à méditer sur ce qui fonde la conscience individuelle et collective. L’anthologie de courts-métrages « Panic Bodies » (1998) est l’expression cinématographique d’une confrontation directe et passionnée avec le SIDA. Les critiques lui réservent un excellent accueil dans plusieurs festivals internationaux du cinéma. En 2002, il termine un long-métrage biographique sulfureux sur le cinéaste, vidéaste et membre de l’underground new-yorkais, Tom CHOMONT (« Tom »). Son travail a été récompensé par de nombreux prix, notamment celui du meilleur court-métrage canadien au Festival International du Film de Toronto pour les films « Frank’s Cock » (1993) et « Letters From Home » (1996). En tant que critique, il est l’auteur d’ouvrages et de plus d’une centaine d’articles sur le film expérimental. Il est également le co-fondateur du groupe « Pleasure Dome », un regroupement de cinéastes dédié à la diffusion du cinéma expérimental.