Leslie Stevens
Cinéaste, Etats-Unis
Né en 1924, Leslie Stevens — bien avant Easy Rider — révolutionna la production hollywoodienne en réalisant pour 60 000 dollars, dans sa propre maison et avec sa femme, Private Property (1960). La critique française accueillit froidement ce film, remarquable malgré quelques effets « expressionnistes » un peu forcés, qui conte l’invasion d’une villa isolée par deux voyous. La critique passa également à côté des qua-lités d’ Incubus (1961), film démonologique parlé… espéranto, admirablement photographié à Big Sur par Conrad Hall. Une indéniable force d’expression compensait certaines préciosités de style. Il passait dans les meilleures scènes un courant, un ton évoquant les romanciers américains du xixe siècle, notamment l’école de la Nouvelle Angleterre. Comme Private Property, Incubus tourne autour du thème du viol, de la possession, thème que l’on retrouve, avec tous ses prolongements moraux, dans Hero’s Island (1962, avec James Mason et Kate Manx, inédit en France sauf un passage à la télévision) : cette « exploration adulte de l’Amérique des pionniers », selon les propres termes de Stevens, fut un tel échec aux U.S.A. qu’il contraignit l’auteur à se tourner presque exclusivement vers la télévision. Il réalisa cependant encore Della (1964), I Love a Mystery (1966) et Fanfare for a Death Scene (1967).