Dans une petite ville de province, deux amies, Karen et Martha dirigent une institution pour jeunes filles. Lily, la tante de Martha, une ancienne actrice excentrique, les aide. Fiancée au médecin Joe Cardin, Karen a du mal à s’engager et a laissé à Martha la direction de l’école. Mary, une élève insolente et menteuse, alors qu’elle a été punie, lance la rumeur que les deux professeurs ont une relation « contre-nature ». Elle commence par le raconter à sa grand-mère…
Un produit rude, amer, voire scandaleux
« Ils ne se marieront pas, ils ne seront pas heureux, ils n’auront pas d’enfants ; les petites filles de bonne famille confiées à l’institution, dirigée par deux jeunes femmes estimées dans la ville ne sont pas de bons petits diables mais de la graine de névrosées : voleuses, affabulatrices, ravagées par une insécurité affective que ne compensent pas les Cadillac.
La passion qui habite Shirley MacLaine, c’est Audrey Hepburn qui en est l’objet. Et il ne s’agit pas d’une inclination vaguement équivoque telle qu’il en fleurit dans les couvents, les pensionnats et les romans anglais. Bref, avec tact mais avec précision, nous voici sur le terrain de l’inversion : l’inversion sexuelle. Il y a longtemps que les Américains tournent autour de leurs plaies et les débrident avec une franchise et une liberté dont le cinéma français n’use guère à l’égard des nôtres, en dépit de son caractère parfois licencieux. En portant à l’écran l’histoire d’une jeune fille invertie, ce n’est d’ailleurs ni le procès, ni la défense des amours « contre-nature » que Wyler a traité. C’est le conflit entre le déviationniste sexuel et une société d’autant plus intolérante qu‘elle nie ses pulsions. »
Françoise Giroud,
L’Express, 26 avril 1962