Sur l’île de Fårö où Bergman a tourné plusieurs de ses films et où il a vécu, des agriculteurs et des pêcheurs gagnent durement leur vie. Aussi attentif à ses voisins qu’à ses acteurs et actrices, Bergman leur a consacré deux films documentaires. Le premier, en 1969, le second, dix ans après, dans lequel il montre des extraits du premier, poursuivant ainsi la généalogie des habitants qu’il a choisis.
« Fårö, morceau de terre isolé du territoire national par la mer et les difficultés d’accès, c’est l’espace intérieur que le créateur voudrait préserver. Mais le tourisme et la stupidité bureaucratique – Fårö est, au fond, le premier film “politique” de Bergman – ont déjà commencé leur travail destructeur. Le regard du cinéaste est nostalgique : il ne peut s’empêcher de se détacher continuellement du présent, pour rêver aux origines de l’île, pour revenir en arrière et évoquer le passé de ses habitants. C’est en cinéaste que Bergman filme longuement – et remarquablement – la soirée du vieux paysan solitaire, la confection de son plat favori, son repas tranquille, l’arrivée de la nuit. »
Christian Zimmer, Le Monde diplomatique, juin 1980