Tournée à Copenhague chez Carl Th. Dreyer, cette conversation rappelle les caractéristiques de son cinéma : plans longs, omniprésence des visages. En complément d’entretiens avec ses comédiens, Anna Karina, danoise elle aussi, lit des textes chers au cinéaste.
« Éric Rohmer a filmé Dreyer un peu comme Dreyer a filmé les personnages de Gertrud. Je veux dire que, délaissant volontairement les effets de rhétorique (gros plans, mise en scène du reportage comme on le fait habituellement, cadrages originaux), il a regardé Dreyer en train de parler, un Dreyer dont ses interprètes et ses amis nous avaient dit qu’il était un homme secret, solitaire et taciturne et qui, peu à peu, poussé par des questions concernant son art, a défini toute sa démarche créatrice comme s’il la découvrait seulement lui-même, au fil d’une méditation. »
Jacques Siclier, Télérama, avril 1965