La Rumeur

William Wyler

États-Unis — 1962 — 1h48 — fiction — noir et blanc — vostf

Titre original The Children’s Hour Scénario John Michael Hayes, Lillian Hellman, d’après la pièce éponyme de Lillian Hellman Image Franz Planer Son Fred Lau, Don Hall Musique Alex North Montage Robert Swink Production The Mirisch Corporation Source Park Circus, MGM, Cinémathèque française Interprétation

Audrey Hepburn, Shirley MacLaine, James Garner, Miriam Hopkins, Fay Bainter

Dans une petite ville de province, deux amies, Karen Wright et Martha Dobie, dirigent une institution pour jeunes filles, aidées par Lily, la tante de Martha, une ancienne actrice excentrique. Fiancée au médecin Joe Cardin, Karen a du mal à s’engager et à laisser à Martha la direction de l’établissement. Parce qu’elle vient d’être punie, Mary, une élève insolente et menteuse, lance la rumeur selon laquelle les deux professeurs entretiennent une relation sentimentale « contre nature ».

« Ils ne se marieront pas, ils ne seront pas heureux, ils n’auront pas d’enfants ; les petites filles de bonne famille confiées à l’institution, dirigée par deux jeunes femmes estimées dans la ville ne sont pas de bons petits diables mais de la graine de névrosées : voleuses, affabulatrices, ravagées par une insécurité affective que ne compensent pas les Cadillac.
La passion qui habite Shirley MacLaine, c’est Audrey Hepburn qui en est l’objet. Et il ne s’agit pas d’une inclination vaguement équivoque telle qu’il en fleurit dans les couvents, les pensionnats et les romans anglais. Bref, avec tact mais avec précision, nous voici sur le terrain de l’inversion : l’inversion sexuelle. Il y a longtemps que les Américains tournent autour de leurs plaies et les débrident avec une franchise et une liberté dont le cinéma français n’use guère à l’égard des nôtres, en dépit de son caractère parfois licencieux. En portant à l’écran l’histoire d’une jeune fille invertie, ce n’est d’ailleurs ni le procès, ni la défense des amours « contre-nature » que Wyler a traité. C’est le conflit entre le déviationniste sexuel et une société d’autant plus intolérante qu‘elle nie ses pulsions. »

Françoise Giroud, L’Express, 26 avril 1962