Carlo Cabrini, Maria Monti
« Vermisat » est le nom d’un homme qui n’a rien, pas même un nom. En dialecte lombard, c’est le nom d’un homme qui n’a d’autres ressources pour survivre que de vendre des vers de terre — ou bien son sang. Un laissé-pour-compte de la civilisation industrielle. Aux marges de la ville, ce « ver » rencontre une misérable prostituée avec laquelle, en silence, il se met en ménage. Lorsque, repris par la tuberculose, il sera hospitalisé, elle le quittera pour rejoindre le guérisseur à qui Vermisat s’en remettait de son sort. Fraternellement, naturellement, simplement, Brenta suit son non-héros, nous faisant vivre son impossibilité d’être, et même seulement d’exister dans une société, une culture qui ne sont pas faites pour lui. On pense à Olmi, on pense au grand néo-réalisme documentaire. Mais il y a du drame contemporain dans cette exclusion du Tiers Monde à domicile et la sociologie est ici filtrée par une sensibilité très actuelle à l’asocialité, à cette sous-culture irrationnelle et primitive que Vermisat vit obstinément. Le cinéma italien ne nous a pas habitués à tant d’honnêteté, de rigueur et d’authenticité.