L’aide-comptable Mitiouchine tombe amoureux de Zina, marchande colporteuse du Mosselprom. Quoique Mitiouchine ne fume pas, il lui achète régulièrement des cigarettes. Arrive le jour où Mitiouchine se décide à faire sa déclaration à Zina. Mais il échoue. Zina conquiert le coeur de l’opérateur de cinéma Latouguine, et sur son insistance, on invite la jeune fille au studio pour la photographier. Là, l’ex-marchande de cigarettes fait une série de nouvelles connaissances, entre autres, celle du représentant des firmes américaines, Mac Bright qui, très amoureux de la jeune fille, écrit pour elle un scénario…
« Présentée lors de sa sortie en 1924 comme la première comédie soviétique, La Vendeuse de cigarettes du Mosselprom fut l’un des grands succès de la saison en URSS où elle bénéficia d’une large diffusion. Mais les aventures de la jeune Zina, qui découvre les coulisses du 7e Art en tombant amoureuse du caméraman Latouguine, furent accueillies plus fraîchement par la critique : le film fut en effet jugé trop léger et idéologiquement « inconsistant ». Cette comédie, tournée à Moscou en décors naturels, est un témoignage remarquable d’une partie très originale de la production soviétique des années 1920. Il s’agit en effet de l’un des tout premiers films produits par la Mejrabpom-Rus, ce studio semi-privé, qui réussit à concilier autonomie, engagement politique et innovation artistique et fit tourner les meilleurs artistes de l’époque. La Vendeuse de cigarettes est emblématique de la place centrale que la Mejrabpom accordait aux comédiens : Iouri Jeliaboujski, l’un des fondateurs de ce studio, choisit en effet pour cette comédie des acteurs très connus, pour la plupart issus du théâtre, et dont le principal est Igor Ilinski, qui interprète le rôle du comptable Mitiouchine. La Vendeuse de cigarettes est également un document unique sur le Moscou des années 20 avant les grandes transformations urbaines de la période stalinienne. Ce film a fait l’objet, grâce au soutien de la Fondation Groupama Gan pour le cinéma, d’une restauration argentique traditionnelle qui a été confiée au laboratoire l’Immagine Ritrovata de Bologne. En permettant la redécouverte de ce film, la Cinémathèque de Toulouse entend rendre hommage non seulement à une production tout à fait singulière, mais aussi à la relation forte qui l’unit depuis de longues années au Gosfilmofond. »
Natacha Laurent, déléguée générale de la Cinémathèque de Toulouse