Totò diabolicus

Steno

35mm — noir et blanc — 1h35 — 1962

Scénario Metz, Gianviti, Fondato, Corbucci, Grimaldi Image Enzo Barboni Musique Picioni Interprétation

Totò, Raimondo Vianello, Beatrice Altariba, Nadine Sanders, Luigi Pavese, Mario Castellani, Peppino De Martino, Giulio Marchetti, Franco Giacobini

Un matin, le marquis Galeazzo est découvert assis derrière son bureau, le cœur transpercé d’un poignard qui porte cette carte de visite : « Diabolicus ». Les soupçons pèsent sur la famille du mort : ses trois frères (Scipione, général en retraite, Carlo, chirurgien et monseigneur Antonino del Campo) et sur sa sœur (la baronne Laudomia). Les enquêteurs devinent que le motif du meurtre est l’héritage du marquis. Monseigneur possède un alibi parfait, ce qui, en plus de sa position, l’innocente immédiatement. Ce sont donc les trois autres qu’il s’agit d’épier, d’interroger, de faire avouer. Le général, nostalgique du fascisme (« c’était le bon vieux temps »), entraîne des milices dans son jardin et son bras mécanique remplaçant celui qu’il a laissé sur le front russe ne l’empêche pas de commander ni de jouer au billard (il fait songer au docteur Folamour ou à l’officier d’Harold et Maude). Le professeur, chirurgien fou, se comporte autour de la table d’opération comme dans un cauchemar de Walter Mitty. Quant à la baronne, elle paraît confondre dangereusement les élixirs et les poisons. Or, tous les trois sont assassinés dans des conditions aussi mystérieuses que le marquis. Le chassé-croisé des aventures est habilement composé pour relancer l’intérêt policier de l’intrigue ; et les séquences, grâce à des éclairages volontairement contrastés ou à un accompagnement musical appuyé, parodient celles des films de Hitchcock ou des Diaboliques de Clouzot. L’ironie sous-jacente et le comique affirmé proviennent de l’interprétation : les quatre frères et leur sœur se ressemblent à s’y méprendre puisque Totò joue les cinq rôles. Ce qui lui donne l’occasion de caricaturer d’un trait sûr quelques figures typiques de ce que l’on nomme la bonne société. La clé de l’énigme, on s’en doute, est révélée par un coup de théâtre in extremis (qui précède pourtant le point final donné par un visiteur dont le « cette fois, vous ne m’échapperez pas ! » n’est pas une clause de style).