Les Pubs

France — 14 min — couleur

Musique François de Roubaix Source La maiSon de la pub // Crédit Commercial de France — Schick Injector — Cointreau — Révillon Detchema — Moulinex Rotissoire — Cadonett — Manby — Carven – Eau Vive Vétiver — La Cuisine à l’électricité — La Collective des gaines et des soutiens-gorge — Les Galeries Lafayette — Tergal — Larousse — Herta — Renault Modus

Vous vous souvenez de Balzac 00.01 ? Jean Mineur Publicité ? C’est là où nous avons débuté tous les deux. J’y étais le chef-monteur de toutes les productions : plusieurs centaines de films publicitaires par an et le jeune François de Roubaix était l’un des musiciens auxquels on faisait appel. On nous donnait souvent des textes « impossibles » à mettre en musique. Pour La Collective des gaines et des soutiens-gorge, il fallait caser : « Une jolie femme possède au moins deux gaines ! ». Même difficulté pour le Crédit Commercial de France : le texte était validé par le client, il fallait faire passer le message que « Ma banque est formidable, mon compte à jour, au jour le jour ! ». Il faut croire que la musique adoucit la pub : à chaque fois François s’en sortait avec panache. Le principe de la publicité à l’époque était de récupérer ce qui avait fonctionné au cinéma : pour Carven – Eau Vive Vétiver, on s’était inspiré du film Un homme et une femme de Claude Lelouch. Quant à Schick Injector, on avait demandé à François de faire une musique à suspense, chose qui n’était pas courante dans la publicité. Pour Tergal, il s’était inspiré de la Messe pour le temps présent de Michel Colombier arrangée par Pierre Henry. Toujours à l’affût des nouveautés technologiques et homme-orchestre, il avait utilisé – pour ce film – des instruments électroniques totalement d’avant-garde. Chaque film était un pari : la liqueur Cointreau ayant une connotation désuète (on la laissait à la cuisine pour flamber les desserts), le client souhaitait lui donner un caractère viril. C’était l’époque des James Bond. On a demandé à François de faire une musique à la John Barry, et de recréer une orchestration à la 007. Pendant qu’il s’exerçait à tous ces styles, François n’attendait qu’une chose : faire de la musique pour des longs métrages et il a profité des contraintes publicitaires dans leurs diversités pour faire ses gammes. François de Roubaix nous a quittés en 1975, mais sa musique reste présente. La pub Renault Modus date de 2004,, et emprunte les notes de la musique du film La Scoumoune, sans doute l’une de ses compositions les plus connues. Lorsque j’ai vu cette pub, j’ai eu un pincement au cœur : François n’était plus parmi nous. Et puis je me suis consolé : la musique ne connaît ni âge, ni limite, elle survit à ceux qui l’ont créée. À travers elle, François est parmi nous encore et pour longtemps.

Bruno Zincone, cofondateur de la Maison de la Pub