Lettre paysanne

Safi Faye

Sénégal — 16mm — noir et blanc — 1h35 — 1975

Titre original Kaddu beykat Scénario Safi Faye Image Patrick Fabry Son Charles Diouf, Maya Bracher Montage Andrée Davanture Source  Aurore Edition Interprétation

Assane Faye, Maguette Gueye

Dans un petit village d’agriculteurs-éleveurs, habitent Ngor et Coumba. Il y a maintenant deux ans que Ngor désire épouser Coumba. Et, cette année encore, la récolte sera mauvaise. Les pluies sont insuffisantes, irrégulières. Or, l’arachide, culture coloniale, ne se récolte qu’une fois par an. Au village, la culture de l’arachide est devenue l’activité principale, l’unique sujet de conversation, l’unique souci. C’est en vendant l’arachide qu’on pourra payer les impôts. Le mil acheté à crédit en période creuse est remboursé en arachide. Dans les coopératives, où les fraudes s’accumulent, tout ce qu’on achète — matériel, engrais, semences —tout est payable par traites. C’est-à-dire qu’il faudra rembourser les dettes, gagner encore plus d’argent. Et cultiver encore plus d’arachide. La culture de l’arachide épuise les sols. Ngor regarde son champ, où les pousses se sont desséchées faute de pluie. Sans arachide, Ngor n’aura pas d’argent pour payer sa dot. Alors il laisse parents, famille, fiancée, amis ; et s’en va chercher du travail en ville. Dans la capitale, Ngor découvre une société nouvelle. Il y est le paysan. Il sera exploité, méprisé. Alors Ngor s’en retournera au village, vers les siens. Maintenant, dès qu’il y a sécheresse, les aides « pleuvent ». Mais il faut savoir que ces aides accordées proviennent des bénéfices démesurés pris sur l’arachide des paysans. C’est ce qu’expliquent les enfants étudiants des paysans, sous l’arbre palabres. Et ils disent aussi qu’il faut sortir de l’impasse, et prendre conscience du rôle primordial que jouent les paysans dans l’économie du pays.

Prix spécial du Jury FIFEF de Genève 1975 – Prix Georges-Sadoul 1975 – Prix de la Critique internationale Berlin 1976