L’Homme invisible

James Whale

États-Unis — 1933 — 1h11 — 35mm — noir et blanc

Titre original The Invisible Man Scénario R.C Sheriff Image Arthur Edeson Musique Heinz Roemheld Montage Ted Kent, Maurice Pivar Décors Charles D. Hall Production Universal Source Carlotta Films Interprétation Claude Rains, Gloria Stuart, William Harrigan, Henry Travers, Uma O’Connor, Forrester Harvey, Merle Tottenham

Un scientifique a trouvé la formule d’un sérum qui rend invisible, mais ne parvient pas à en dissiper les effets. Réfugié dans l’auberge d’un village isolé, épié par ses habitants, son comportement change peu à peu, et l’homme devient violent. Pendant ce temps, Flora, la fiancée de Griffin s’étonne de sa disparition avant de faire le lien avec les exploits de l’homme invisible, recherché par la police pour meurtre…

« De tous les films à la charnière du muet et du parlant, L’Homme invisible est le plus riche et le plus profond. C’est dans le regard qu’il porte sur ce changement de nature technique que le film est à proprement parler fantastique. dans le cinéma muet, le corps est visible mais la voix inaudible. Dans le parlant traditionnel, le corps gagne sur les deux tableaux : on continue de le voir et on l’entend parler. Dans la version que propose le film, il en va tout autrement. Ce que le corps gagne d’un côté avec la voix, il le perd de l’autre en raison de sa soudaine invisibilité. Soit on voit le corps sans l’entendre (le muet) soit on l’entend sans le voir. Problème de transfert par conséquent, la qualité du report optique s’accompagnant d’une déficience dans l’enregistrement des images. La voix de l’homme invisible émane d’un corps réel qui a le défaut ou l’avantage d’être imperceptible à l’œil. Ce corps vocal présent (le lieu de la voix) et absent, invisible, redouble la condition de la voix radiophonique. Le début du parlant, en plus de s’inspirer du théâtre, a surtout été subjugué par la puissance de la radio. En ce sens, L’Homme invisible est le contemporain du dispositif sonore de Mabuse du Testament et il annonce les dispositifs sonores explorés par Orson Welles, aussi bien à la radio (son adaptation de La Guerre des mondes d’après HG Wells) qu’au cinéma. »

Charles Tesson, Ecole et cinéma, les enfants du deuxième siècle