C’est durant le tournage de L’Enfant aveugle que Johan van der Keuken fait la rencontre d’Herman Slobbe. Débordant d’énergie, l’enfant s’investit en permanence dans une recherche sonore éperdue ou dans d’autres défis qu’il s’impose à lui-même. Quand Herman se saisit du micro, il devient le reporter du film, change de rôle, n’est plus objet.
« [Herman Slobbe] L’Enfant aveugle II renvoie au néant tout ce qu’il aurait pu être – du docu humanitaire au voyeurisme honteux – et finit par nous donner accès au personnage d’Herman Slobbe, en tant qu’il existe aussi en dehors du film, avec ses projets, sa dureté, et surtout – c’est là le plus grand scandale – son rapport à la jouissance. Le film finit sur un étrange “chacun pour soi” qui n’a de sens que parce que, pendant vingt minutes de film, chacun a été (tout pour) l’autre au regard du spectateur. »
Serge Daney, Cahiers du cinéma, juillet 1978