Fermo con le mani

Gero Zambuto

35mm — noir et blanc — 1h30 — 1937

Scénario Guglielmo Giannini Interprétation

Totò, Erzy Paal, Tina Pica

« Dans ce premier film, les producteurs donnent au personnage la possibilité de jouer sur ce qui fit son succès dans les revues des théâtres de variétés : la mimique, l’attitude, une gestuelle drôlatique, une diction colorée, parfois très rapide et soumise à certains dérapages burlesques. En ce qui concerne l’atmosphère et la dramaturgie, le cinéaste songe sans doute à Charlot, à Ben Turpin, aux gags chers à Mack Sennett ; l’intervention d’une fillette renvoie indirectement et peut-être involontairement au Kid ou aux comédies jouées par Shirley Temple, cependant que plusieurs situations offrent, vues près de quarante années plus tard, un surprenant climat pré-zavattinien. Totò est un vagabond qui vit dans une maison vide promise à la pioche des démolisseurs. Il se réveille, prend une douche (dont la construction au moyen de bouteilles n’est pas indigne des inventions de Buster Keaton). Puis il se rase devant un miroir brisé : tout à coup la paroi s’affaisse ; les ouvriers et les patrons sont surpris de découvrir Totò dans ce coin de chantier. Le scénario, après cette entrée en matière centrée sur les rapports de l’interprète avec les objets, varie ensuite les possibilités de mise en place de sketches destinés à multiplier les costumes : Totò porte la livrée du domestique, se déguise en masseuse, revêt le smoking, coiffe la casquette d’un gardien de nuit, hante les milieux du music-hall et remplace à l’improviste un chef d’orchestre, ce qui fournit le prétexte d’un éblouissant numéro juste avant le point final du film : Totò qui, pauvre, fut obligé d’accepter de l’argent pour recevoir des gifles en public se trouve être l’héritier d’une riche famille ; puisqu’il en a la possibilité, il rend donc le salaire à son employeur et pour que le compte soit juste lui renvoie aussi les gifles. Ce genre de notations fut rare dans le cinéma italien de l’époque et c’est à la faveur du rire que cet Arlequin peut aussi montrer, contrastant avec le luxe cher au romanesque artificiel du fascisme, le clochard obligé de pêcher à la ligne, du haut d’un mur, le poulet trônant parmi les victuailles étalées sur la table du jardin familial de gens fortunés à l’occasion d’une fête, ou la chambre misérable de la petite fille. »
Freddy Buache in « Totò, portrait d’un acteur » (Festival de Locarno 1975)