Le photographe sud-africain Ernest Cole a été le premier à exposer au monde entier les horreurs de l’apartheid. Son livre House of Bondage, publié en 1967 alors qu’il n’avait que 27 ans, l’a conduit à s’exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. Raoul Peck raconte ses errances, ses tourments d’artiste et sa colère au quotidien, face au silence ou à la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’apartheid. Ou aussi comment, en 2017, 60 000 négatifs de son travail ont été découverts dans le coffre d’une banque suédoise.
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« Alors qu’aujourd’hui ses tirages vintage se vendent autour de 15 000 dollars et devraient prendre encore de la valeur, la vie trop brève d’Ernest Cole s’achève en 1990 dans la maladie et la solitude, après une période d’errance où il vit dans des foyers pour sans-abri. « J’ai le mal du pays et je ne peux pas rentrer, » scande la voix off. Il est certain que le cinéaste retrouve quelque chose de lui-même chez Ernest Cole, cet exilé déchiré et déchirant. La dédicace « À tous ceux qui sont morts en exil » n’en a que plus de résonance. »
Florence Colombani, Le Point, 23 mai 2024