Marina Vlady, Anny Duperey, Roger Montsoret, Jean Narboni, Christophe Bourseiller
En racontant l’histoire de Juliette qui vit dans un grand ensemble de la région parisienne et se prostitue occasionnellement, Godard raconte – ou dénonce – pêle-mêle la cruauté du capitalisme, la platitude de la vie dans les grands ensembles, l’urbanisation à outrance de Paris et la guerre du Viêtnam.
« La prostitution de la femme des grands ensembles n’est que le pâle reflet de la prostitution à laquelle nous nous sommes tous plus ou moins différemment adaptés, mais avec moins d’innocence que Marina Vlady, sans sa douceur animale, paysanne. Ce nouveau Godard plein à la fois de colère et de pitié fait un seul geste et embrasse les innombrables âmes qui sont derrière les innombrables fenêtres des bâtiments de banlieue et que personne ne regretterait si les inondations ou la bombe devaient les rayer du monde pour toujours. Pendant ce temps, quelqu’un parle seul dans la chambre voisine : c’est Godard qui monologue à voix basse, et dit le rosaire de ses réflexions sur le cinéma et le style cinématographique. »
Bernardo Bertolucci, Cahiers du cinéma, janvier 1967