Gianni Cavina, Carlo Delle Plane, Caterina Sylos Labini, Enzo Robutti, Giulio Pizzirani, Anna Zoli, Bob Tonelli, Henghel Gualdi et son Big Band, le Doctor Dixie Jazz Band, le Piccolo Coro de l’Antoniano, Joseph Branca, Pier Giorgio Farinelli et son orchestre
« Il était une fois un musicien ambulant des mariages, des bals et des enterrements d’Émilie, musicien de jazz « à l’italienne » (d’où le nom qu’il s’était choisi) : vagabond impénitent, il revenait visiter son fils chaque nuit d’anniversaire de celui-ci, jusqu’à la nuit de ses vingt ans où il ne revint pas. Le lendemain matin, désespéré, le fils vit apparaître un personnage étrange qui lui révéla que pour retrouver son père, il devait retrouver d’abord les cinq « fées » successives dont le baiser conduit les musiciens dans un heureux « au-delà ». Tout est de l’invention du cinéaste, il me l’a confirmé. Les « cinq sœurs » (au sens des Weird Sisters, des « sœurs fatidiques » de Shakespeare, mais ici, nul chaudron démoniaque !) n’existent pas dans le folklore d’Émilie. Quelle que soit, dans l’errance « initiatique » qu’entreprennent les deux personnages, la part d’un possible mysticisme de l’auteur, et surtout celle des références à une tradition (du cinéma américain) qui ne se limite pas à Green Pastures, il y a pourtant une imprégnation « méditerranéenne » dans la tonalité du récit. La géographie à la fois réelle, fourmillante de détails « pittoresques » et imaginaire que nous parcourons, est peuplée de Calypsos et de Circés, les unes vraies, les autres fausses, qui peuvent même se cacher mutuellement… L’arbitraire apparent des épisodes a donc un fil conducteur où nous retrouvons le Pupi Avati des émotions simples et justes sous ce comique qui n’est souvent qu’une forme de pudeur. Rien de funèbre, ai-je dit, rien d’emphatique non plus dans l’issue du voyage. C’est une terre verdoyante en tout point semblable à la nôtre que, lors du coup de théâtre qui précède le dénouement, contemple, les yeux pleins de larmes éphémères, la touchante « dernière fée » (qui a conquis sa propre féminité en marge du voyage, de même que le compagnon a conquis son statut d’ange « à part entière »). La légende n’existait que pour nourrir un film et la scène finale la résorbe entièrement, mais le caprice s’achève en œuvre d’art : film « en mineur », Dancing Paradise nous laisse, par sa lumière (et par sa musique, dont je n’ai rien dit) cette impression d’euphorie légère que nous laissaient certains rêves autrefois : bref, il nous rajeunit. » (Gérard Legrand, Positif n° 264, 1983)