En 1960, Jean Rouch et Edgar Morin tentent une expérience cinématographique. Un essai de « cinéma vérité » vécu à la fois par ses auteurs et ses acteurs – hommes et femmes d’âges différents – qui contient l’essentiel sur le bonheur : l’inextricable tension entre poésie et trivialité de nos existences…
« Fin 1959, je suggérai à Jean Rouch que nous fassions un film sur l’amour. Puis deux mois plus tard, pensant qu’il était trop difficile de faire un film vrai, c’est-à-dire sans fiction, sur un sujet aussi intime, je lui ai donc proposé ce simple thème : « Comment vis-tu ? » Cette question ne devrait pas seulement englober le « mode de vie » (loge ment, travail) mais signifierait aussi « Comment tu te débrouilles avec la vie ? », question que nous poserions à des personnages de différents milieux sociaux et qui serait en fin de compte une question posée au spectateur. Notre effort est parent de tous les courants néo-réalistes et néo-documentaristes et il s’inscrit dans la ligne des précédentes tentatives de Rouch. Mais, proche du documentaire en ce qu’il ne contient aucun élément de fiction, il s’en distingue pour tenter d’aller au cœur des problèmes personnels des gens. Disons : c’est du cinéma vérité qui cherche la vérité objective et subjective. »
Edgar Morin