Austeria

Jerzy Kawalerowicz

Pologne — 35mm — couleurs — 2h59 — 1982 — vostf

Scénario Tadeusz Konwicki, Jerzy Kawalerowicz, Julian Stryjkowski d’après son roman Image Zygmunt Samosiuk Musique Leopold Kozlowski Décors Jerzy Skrzepinski Montage Wieslawa Otocka Son Jerzy Blaszyùski Production Groupe de production Kadr Interprétation

Franciszek Pieczska, Wojciech Przoniak, Jan Szurmiej, Ewa Domafiska, Liliana Glabczyfiska, Golda Tencer, Marek Wilk, Wojciech Standello, Szymon Szurmiej

Le premier jour de la Première Guerre mondiale en Galicie, aux confins de la monarchie Autriche-Hongrie. Les habitants de la petite ville qui fuient devant les cosaques passent à proximité de l’auberge du vieux Tag : les Hasidim avec leur caddik et leurs shames, les femmes et les enfants et les juifs européanisés, représentants du commerce local et de l’intelligentsia. Tag ne veut pas partir, il sait bien qu’il ne fuira pas son destin. Il ne veut pas non plus de l’aide de la baronne, ni de celle de son ami le curé. Il ne quitte pas l’auberge et reste avec sa belle-fille, sa petite-fille et sa servante — son amante ukrainienne. Les fuyards, d’ailleurs, reviennent avant le soir, ils n’avaient pas où se rendre, le front approche, il y a même déjà la première victime de la guerre, la jeune Asia, la bien-aimée de Blum, tuée par une balle perdue. L’auberge où ils se sont barricadés pour la nuit devient l’arène de drames, de prières démentes, de tragédies, de grandes passions et de rapides amours entre ceux qui s’y sont enfermés. Pour Tag, cette nuit devient la nuit des comptes avec lui-même, avec ses pensées, une révolte, une concupiscence : étranger lui est le fanatisme des Hasidim et la soif de vie de Wilf. Tag remplit ses devoirs de maître de maison, juif orthodoxe, en grand-père conscient de l’héroïsme tragique, absurde peut-être, pourtant indispensable. C’est avec cette conscience qu’il ira sauver Blum, quoiqu’il se rende très bien compte de l’inutilité de son sacrifice.

« Le monde des juifs polonais qui a disparu a attendu longtemps avant d’être enregistré dans une œuvre cinématographique. Cette communauté originale, avec sa culture, sa philosophie, ses mœurs, son charme unique et sa poésie a bien mérité qu’on lui élève un monument dans la culture mondiale… Nous voulions que ce fût un film — grande métaphore, semblable à une fresque passionnée, dynamique, qui montre le monde des juifs juste avant le génocide tragique. C’est pourquoi nous nous sommes appuyés sur le livre de Juliusz Stryjkowski L’Auberge [Austeria]. Austeria est non seulement la reconstruction de l’histoire de la communauté juive avec son pittoresque folklore rituel et culturel, avec les croyances des Hasidim, l’humour unique des juifs, mais c’est avant tout l’image du monde d’un passé récent, d’un monde qui a disparu et qui n’arrive plus jusqu’à nous que sous la forme de lumière réfléchie. »(Jerzy Kawalerowicz)