Wilfrid Day
Cinéaste, Grande-Bretagne
Fils du rédacteur en chef des Lloyds Newspapers, Will Day découvre très tôt le monde des lanternes magiques, par la passion que leur portait son père. Il entame des études de chant et de diction avant de découvrir en mars 1896 le Cinématographe Lumière, que le prestidigitateur Félicien Trewey présente à Londres. C’est un choc pour le jeune Will Day qui décide de devenir exploitant de cinéma l’année suivante. Il est associé à un propriétaire de projecteur de cinéma et projette des images animées dans les salles de spectacles et en soirées privées. Devenu indépendant en 1899, c’est grâce à lui que la campagne anglaise découvre le cinéma. Il organise des séances à travers tout le pays avant d’ouvrir une salle de cinéma en 1907, dans la ville de Wood Green. Revenu à Londres en 1910, Will Day est engagé par la firme de Walter Tyler, important fabricant de lanternes magiques et d’appareils cinématographiques. Il va traverser l’Europe pour commercialiser le projecteur Imperator d’Heinrich Ernemann. Il enrichira pendant cette période sa connaissance des systèmes de projection qui fleurissent alors dans le continent. C’est d’ailleurs à partir de 1910 qu’il déposera nombre de brevets d’invention concernant des appareils de projection et d’enregistrement des images (les derniers brevets qu’il dépose, vers 1925, concernent la télévision). Directeur du département des appareils du magasin Jury’s Kine Supplies en 1912, il ouvre quelques mois plus tard son propre magasin, le « Will Day Kinutilities ». Spécialiste reconnu, il fournira son effort de guerre dès 1914 en fabriquant des plaques photographiques pour les armées et en concevant pour le Ministère de la Guerre des caméras aériennes et sous-marines. L’activité professionnelle de Will Day a rejoint très tôt sa passion pour le cinéma, faisant de lui le premier collectionneur et historien du septième art. Dès le début du siècle, il va patiemment rassembler tous les appareils cinématographiques d’enregistrement et de projection constituant ainsi une collection unique. Il prend conscience remarquablement tôt de l’importance de constituer la mémoire de cet art nouveau (pour comparaison, les premiers signes d’intérêt pour la mémoire du cinéma en France n’apparaissent qu’au début des années vingt). Sa collection, composée de boîtes optiques, de chambres noires, de lanternes magiques et leurs plaques, de jouets d’optique et d’ouvrages sera tout d’abord entreposée au South Kensington Museum. Puis Will Day tentera de la vendre en 1930, sans succès. Dans les années cinquante, ses fils mettent de nouveau en vente la collection. Les institutions patrimoniales anglaises ne se manifestant pas, c’est finalement Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque Française, qui achète le « trésor » de Will Day, avec l’aide de fonds débloqués par André Malraux, alors Ministre de la Culture. La collection Will Day arrive en France en 1961 et est prise en charge par la Cinémathèque Française.