CultureLab 2019

Une expérience unique au sein du plus cinéphile festival de cinéma en France dans un cadre historique

Initié par l’Institut Français, le dispositif CultureLab propose chaque année à 15 étudiants et jeunes professionnels du secteur culturel et cinématographique du monde entier de venir découvrir le Festival La Rochelle Cinéma (du 28 juin au 7 juillet 2019). Depuis 2013, le Festival, en collaboration avec l’Auberge de Jeunesse de La Rochelle, leur prépare un programme spécifique pour vivre ces 10 jours en immersion totale :

  • Projections
  • Cours de critique cinématographique
  • Rédactions d’articles publiés sur les réseaux
  • Sorties culturelles et touristiques
  • Réalisation de reportages vidéos
  • Visites guidées
  • Immersion dans les coulisses du Festival
  • Rencontres exclusives avec des distributeurs, producteurs, cinéastes

Les participants auront l’opportunité de développer leurs compétences professionnelles et linguistiques ainsi que leur culture cinématographique.

L’Azerbaïdjan, le Brésil, le Canada, les Comores, la Corée du Sud, le Ghana, l’Irak, l’Iran, l’Irlande, l’Islande, Israël, le Kosovo, la Lituanie, la Lybie, Malte, le Maroc, le Monténégro, la Russie, la Thaïlande, la Turquie et l’Ukraine ont participé aux précédentes éditions.

Télécharger ici le Guide pratique des participants

 

Les participants 2019
  • Subin HWANG, Corée du Sud
  • Matt MICK, Louisiane, Etats-Unis
  • Estaïlove ST-VAL, Haïti,
  • Eglé MACEINAITE, Lituanie
  • Imbarkah ABDEEWI, Lybie
  • Fayrouz HARMATALLAH, Maroc
  • Anastasiia KOZYNETS, Ukraine

Retrouvez ci-dessous les textes des critiques qu’ils ont rédigé dans le cadre de leur cours de critique cinématographique.

 

 

Critiques 2019

 

L’odeur de notre société

<parasite> est un film formidable qui parle du dégout de la basse classe. Comme la déclaration universelle des droits de l’homme a été annoncée et une grande partie du monde est devenue démocratique, on peut penser qu’on habite dans un monde d’égalité. Cependant, nous avons encore des inégalités et des écarts entre les riches et les pauvres. Seulement, la hiérarchie des classes est invisible aujourd’hui.

Dans le film, cette hiérarchie des classes est montrée par la mise en scène des sentiments d’horreurs de la classe supérieure envers la basse classe. Cette dernière est représentée par la famille de Ki-taek qui elle aussi a envie de faire partie de la classe supérieure.

L’odeur est un élément de mise-en-scène particulièrement remarquable. Ki-taek a commencé à travailler en tant que chauffeur de Monsieur Park. Au début Monsieur Park était content de son travail mais peu de temps après, il a commencé à sentir une odeur qui (en réalité) était celle de monsieur Ki-taek. L’odeur est apparue lors que Monsieur Park a ignoré Monsieur Ki-taek et cette odeur est représentative du dégout que ressent Monsieur Park pour lui. Yeon-kyo, la femme de monsieur Park, elle aussi n’a pas senti tout de suite cette odeur avant que son mari ne lui ai dit. Ainsi, dans ce film l’odeur est un mirage qui est apparu si on croit qu’elle existe. Cela peut être l’odeur des pauvres ou celle du dégout sur les pauvres.

Par contre, alors que la famille de Monsieur Ki-taek, Choong-sook, Ki-woo, et Ki-jung qui travaillent tous chez Monsieur Park ont la même odeur, Monsieur et Madame Park ne sentent pas celle de Ki-woo et Ki-jung. Ces derniers prétendent être des étudiants des universités réputées, là où sont prétendument les intelligences les plus élevées. Cela veut dire qu’ils sont des personnes qui ont le potentiel d’être dans la classe haute. Ainsi, Monsieur et Madame Park ne les méprisent pas et ne peuvent pas sentir leur odeur car ils sont de la même classe. D’ailleurs les enfants qui n’ont pas encore la conscience des classes sont différents. Da-song, le fils de Monsieur Park, dit que la famille de Ki-taek exhalent la même odeur. Et Da-hye, la fille de Monsieur Park, loin de sentir cette odeur, dit que Ki-woo est bien assorti à la classe supérieure. Ainsi, on voit que cette odeur est venue de la conscience des classes et des horreurs dirigées aux pauvres.

Parasite visualise des côtés de notre société hiérarchisée qu’on voudrait cacher. La conscience des classes qui est apparue par les mise-en-scènes délicates (dans ce film) nous gêne. De plus, il nous fait réaliser cette conscience contenue dans nous-même lorsque l’on voit ce film. Les spectateurs regardent la famille de Ki-taek comme les parasites et les coins puants de notre société que nous voulons ignorer. C’est pourquoi en sortant la salle après projection, je me sentais inconfortable.

Subin HWANG, Corée du Sud


Une confession

Je l’avoue ! Je l’admets ! J’écris ici mon aveu : je n’ai quasiment rien compris de Grandeur et décadence d’un petit commerce de cinéma de Jean-Luc Godard.

  • Pourquoi réaliser un téléfilm pour TF1 ?
  • Pourquoi utiliser la vidéo au lieu de la pellicule ?
  • Pourquoi faire le casting avec des chômeurs et des techniciens de cinéma ?
  • Pourquoi monter des effets de superposition très bizarres sur l’image ?
  • Pourquoi faire des interminables prises de 10 minutes ?
  • Pourquoi diriger les acteurs vers un style si mélodramatique ?

Surtout, pourquoi compliquer une histoire assez simple ? Pourquoi est-ce que Godard, par ses choix de réalisation, a choisi de rendre beaucoup plus difficile à tourner et à regarder une histoire qui raconte la production d’un film ?

J’ajoute à ma confession quelques précisions :

  • Je suis né en 1990, quatre ans après la diffusion de Grandeur et décadence.
  • Je n’aime pas du tout l’esthétique de la vidéo des années 80.
  • Je me considère cinéphile, mais je suis loin d’être un expert sur Godard.
  • Je ne suis pas français.
  • J’avais un peu sommeil au début de la projection.
  • J’essaie de ne pas regarder les téléfilms.

Grandeur et décadence m’a énormément frustré mais il serait injuste de dire que ce n’est pas un bon film. Il n’y a pas de doute que Godard est un grand cinéaste qui sait faire un bon film. Est-ce qu’il jouait avec les possibilités d’un nouveau médium, la vidéo ? Est-ce qu’il se moquait de la télévision comme moyen de diffuser le cinéma ? Est-ce qu’il faisait un commentaire sur les difficultés de travailler dans un système à la fois artistique et industriel ?

Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ce film gênant ne me quittera pas l’esprit. Je ne regrette rien.

Matt MICK, Louisiane, Etats-Unis


Pour les soldats tombés
Du noir et blanc classique à la modernité de la couleur.

Pour les soldats tombés est une immersion dans les tranchées de la France durant la Première Guerre Mondiale des soldats britanniques. C’est un film réalisé par Peter Jackson à partir d’images d’archives du Imperial War Museum et d’interviews de la BBC colorisées et restaurées…
Peter Jackson est célèbre pour ses deux trilogies de l’univers Tolkien le seigneur des anneaux et le Hobbit. Etant un réalisateur de blockbusters américains, qu’on qualifierait de film commercial pour certains, on peut dire qu’il allait sortir de son registre habituel. Cela représentait à mon sens un grand défi et suscite aussi une curiosité d’aller voir ce film. Pour moi qui suis fan de Peter Jackson, j’étais impatient de voir ce film et de voir le résultat de ces images transformées du noir et blanc classique à la restauration moderne. En effet, les images ont été colorisées et restaurées, ainsi que le son : tout en fait. Et bien, je ne vous cache pas que j’étais comme un enfant devant un marchand de glace tant je voulais voir le résultat de ce procédé.

Le dispositif était simple en principe mais très fort. Dans ce cas particulièrement puisqu’on entend la voix des soldats tout au long du film qui raconte leur guerre de 1915, raconte l’histoire dans les tranchées. Quoi d’autre de plus fort que d’entendre une histoire de la bouche de ceux qui l’ont vécue ?
Une histoire captivante, choquante même d’autant plus que c’est une histoire vraie. L’histoire de ces hommes qui ont 18-19-20 ans partis de chez eux pour rejoindre une guerre dont ils ne connaissaient même pas l’objectif. Des hommes qui sont prêts à donner leur vie pour leur pays et dont le monde dans lequel ils vivaient n’était pas reconnaissant.

Du noir et blanc, la couleur symbolique des images d’archives à la modernité ; le fait de coloriser les images a donné un souffle nouveau au film, ce qui permettrait d’attirer des spectateurs plus ou moins de la nouvelle génération. Du point de vue commercial, cela peut donner à ce film un atout majeur car un film est vivant quand il est regardé. Mais la question à se poser est : faut-il manipuler des images d’archives à des fins commerciales ?
Cette question soulève un grand débat dans le monde du cinéma. Woody Allen et plusieurs autres réalisateurs dont Spielberg, Scorsèse sont allés protester contre la colorisation des images devant le sénat américain. Pour eux ce serait du vandalisme.
Coloriser les images renvoie à la question de préservation du cinéma, c’est-à-dire de conserver les images tel qu’elles ont été prises. Jusqu’on peut-on aller dans la manipulation des images d’archives ?

Dans le cas de Pour les soldats tombés, est-ce que la couleur a été déterminante dans le film ? Ou du moins, est-ce que le résultat serait le même sans la couleur ?

A mon sens non !
Rappelons que c’est un film de guerre dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale. Est-ce que la couleur est si importante pour apprendre qu’il était plus simple de mourir que de perdre une jambe car ils n’auraient pas à le transporter tout de suite ? Je ne crois pas.

On peut réfléchir de manière inversée : imaginons un instant les amis, Le magicien D’oz en noir et blanc.

Le film Pour les soldats tombés, n’était pas complètement en couleur au début, c’était du noir et blanc puis on est passé à la couleur. Pourquoi ce choix ? Est-ce que c’était pour attirer l’attention ? Est-ce que c’était pour s’épargner un peu, des critiques de la part de ceux qui étaient contre la colorisation ? Ou du moins est-ce que lui-même est contre la colorisation ?

Comme souvent cela a toujours été le cas en parlant de cinéma, c’est soulever beaucoup plus de questions que de trouver des réponses.

Estaïlove ST-VAL, Haïti


0:1

Je suis au bar Flamingo.
Ce soir – c’est le match de foot, Suède contre Pay-Bas, demi-finale. C’est la 90ème minute, résultat 0:0, il y aura la prolongation. Les filles dans l’écran ont l’air frustrées.

Moi aussi je suis frustrée. Pas seulement pour le fait que je regarde le foot avec le son coupé (après tout, je suis chanceuse d’avoir pu regarder le jeu – on dirait que seulement trois endroits de toute la ville de La Rochelle ont l’intéret de projeter le match de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, qui est en train de se dérouler en France).
Je suis frustrée parce que je viens de regarder « Le Lit conjugal » de Marco Ferreri (1963) au Festival La Rochelle Cinéma…

99-ème minute : les Pays-Bas fait le but! Le jeu s’accélère et je remarque que le barman du bar Flamingo marche un peu comme un flamingo aussi, je commence à réfléchir sur la signification de flamingo… Allez, reviens au sujet.

Avant la projection de « Le Lit conjugal » nous sommes délicatement prévenus – après avoir présenté l’œuvre de Marco Ferreri, l’introducteur annonce que ce film a souvent été accusé d’être misogyne, mais que l’on devrait le regarder plutôt comme portrait de société.

« Le Lit conjugal » est un drame comique sur un homme, Alfonso – qui va enfin se marier. Malheureusement le problème vient juste après le mariage – Alfonso est vite épuisé d’exercer son devoir conjugal, tandis que sa femme est excitée comme jamais. Cependant, il faut dire que le film « Le Lit Conjugal » n’est pas une histoire sur des problèmes de lit. Alfonso y traverse tout un chemin – spirituel et physique, pendant lequel une réflexion sur le crépuscule de sa vie se dévoile.

Cette réflexion crépusculaire soudaine est provoquée par Regina. A première vue, Regina – la femme d’Alfonso, n’est là que pour deux fonctions : être amante et être mère. Elle le dit avant d’épouser Alfonso : « tout ce que je peux te donner c’est ma virginité ». Mais ce personnage, qui a un côté assez invisible dans ce film, prend de plus en plus de force et de pouvoir, tandis qu’Alfonso se trouve pesé par la vieillesse. Un plan magnifique d’Alfonso allongé sur le lit comme Jésus dans le tableau de Andrea Mantegna (Lamentation sur le Christ) annonce sa mort et la prise de pouvoir de Regina.

Le personnage de Regina contient en soi plusieurs dimensions et significations – non seulement elle fait se développer le personnage d’Alfonso, mais cette image de fille pure et sa métamorphose dénonce l‘hypocrisie de la société italienne catholique – souvenons-nous de la scène à mourir de rire où Regina essaie séduire Alfonso une énième fois en lui montrant la chemise de nuit de sa grand-mère qui a un trou spécialement fait au niveau du sexe pour faire l’amour sans devoir se déshabiller, en toute pureté.

Après tout, je me suis complétement trompée ! D’abord choquée par la façon dont les femmes sont montrées dans ce film – des filles étant là qu’au service de l’homme, après une courte réflexion, je vois quel pouvoir est caché derrière le personnage de Regina, à tel point que le protagoniste de ce film n’est pas vraiment Alfonso ?

Ce qui est donc intéressant dans ce film c’est qu’en montrant des personnages bien canonisées, Marco Ferreri construit le portrait riche et psychologique de la femme en utilisant son invisibilité, humilité même – elle va regarder son mari travailler parce qu’elle l’aime tellement, quand en vérité c’est encore un autre plan de séduction.

La chose qui me trouble malgré tout, c’est qu’en montrant de tels films aujourd’hui, on les met très peu en contexte – ni celui de la période du film, ni celui d’aujourd’hui. Ce film n’est peut-être pas misogyne, mais il se sert de la position différente des hommes et des femmes dans la société pour faire son point, raconter son histoire, créer une comédie. Et si on prétend à ne pas regarder le film avec le regard du présent, cela coupe tout le lien du film avec le monde d’aujourd’hui où la position de femme dans tous les contextes possibles reste plutôt inégale.
Dire que c’est un portrait de société ne suffit plus.
Bref, montez le son du match !

Eglé MACEINAITE, Lituanie


It Must Be Heaven

C’est l’un des films qui m’a le plus touchée dans le festival.
Ce film parle de l’identité, plus précisément d’un Palestinien dans le monde.

Dans la première partie du film, j’étais amusée, et au fur et à mesure j’ai ressenti de la tristesse. Le personnage principal, Elia Suleiman, est intéressé par la recherche de son identité, en cherchant à se détacher de sa simple origine Palestienne. En effet, quand on pense à un Palestinien, on évoque souvent le conflit entre la Palestine et Israël. Seulement, l’identité d’une personne est définie par ce qu’elle aime, fait et pense, au-delà de ses origines.

Le personnage d’Elia Suleiman est un peu compliqué. Il reste silencieux, il écoute, il sourit, il fronce les sourcils avec étonnement… Pour moi, il donne l’impression de ne pas comprendre ce qu’il se passe autour de lui, mais ce n’est pas le cas.

L’instabilité de son pays d’origine le pousse à partir pour suivre ses rêves. Il cherche un meilleur endroit pour travailler, échanger avec d’autres personnes, tomber amoureux.

Lorsqu’il est aux Etats-Unis, il imagine que tous les habitants portent des armes.

Elia Suleiman utilise le ridicule, avec des scènes qui font rire ou sourire, tout en développant une idée plus profonde : la recherche d’identité. Cependant, j’ai trouvé qu’il y a une trop grande répétition de scène ridicules, ce qui nuit à l’idée principale.

Il rentre dans son pays avec l’idée d’un lieu éternel : rien n’a changé.

Ce film présente une image sombre du monde actuel, qu’il considère comme plus très différent de la réalité en Palestine, où les gens vivent dans la peur.

Dans la dernière scène, il montre un groupe de jeunes célébrer la vie, danser, aimer sur de la musique disco. La chanson en arabe évoque l’identité et la vie.

Imbarkah ABDEEWI, Lybie


Rendre visible le chant des sirènes

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L’immatériel souvenir du royaume Kongo (d’Hadrien La Vapeur et de Corto Vaclav)

Un écran de condensation se forme au regard du spectateur. Les lumières de la ville parviennent à la rétine, sans arriver à y former d’images à interpréter. Notre regard est opaque — miroir de notre perception du monde renfermée par sa croyance en ce qui est palpable et visible.

« Je n’ai pas les yeux pour voir » explique un patient de Médard, intermédiaire entre les esprits et l’invisible. Les yeux de ce dernier voient au-delà des images et des sons. Il a le don d’observer une réalité transcendante qui se superpose à la nôtre ; qui ne se tient qu’à la perception et à nos sens communs.

Le défi d’Hadrien La Vapeur et de Corto Vaclav, réalisateur de Kongo est, dans un premier temps, de nous faire rendre visible les spectres qui entourent Médard et ses fidèles. Kongo observe silencieusement les rituels de l’église sans pour autant se dissimuler. La caméra est embarquée par les transes des patients, qui n’en tiennent tellement pas rigueur, manquant parfois de la bousculer. La croyance de ses sujets est tellement forte que l’on ne questionne à aucun moment la véracité de leur foi et l’efficacité de leurs rites. Nous sommes aspirés par leur réalité ; tout comme l’ont été les réalisateurs du film, qui suivent la quête de Médard comme s’il s’agissait de la leur : celle d’être sous la protection des sirènes, esprits de l’océan menacés par l’avancée des constructions chinoises sur leurs eaux.

Dans un second temps, il s’agit aussi de voir les spectres captés par le cinématographe. Le cinéma est un art de fantômes et le film en fait la démonstration malheureuse en filmant la présence puis l’absence, justifiée par sa perte, de Prophète, mentor de Médard. Son corps ne figure plus à l’écran, mais son esprit fait encore vibrer celui des autres. Cette manifestation se fait la preuve d’un mouvement impalpable de l’haut-delà. Même dans l’obscurité, le grain crépitant de l’image semble nous faire croire d’avoir vu dans les profondeurs de l’ombre des mouvements spirituels.

à l’issue de cette quête, une image sublime nous tire de notre cécité spirituelle. Nous parvenons à voir dans les flots des formes abstraites, celle des sirènes. Et leur chant libérateur soigneusement composé par Crysallis.

Ulysse en Atlantique (de Mati Diop)

Les jeunes hommes de Dakar sont bercés,
Par l’âcre et doux chant des sirènes.
Grondants, valsants, comme les flots,
Mais effrayants car immenses tel,
l’Europe guettant depuis les monts, l’arrivée de ses amants.

Or, la houle s’habille d’un linceul blanc pour abriter ces jeunes gens, tragiquement, perdus par les vents.

Guidés par Eole, leurs âmes retournent, une dernière fois, à la ville de leurs parents,
Prêts à se battre pour faire vivre, leurs amoures et leurs mères —

— meurtries par ces désirs outre-Atlantiques.

Fayrouz Harmatallah Sbaï, Maroc


Elle et lui – Leo McCarey

Une lettre à lui…

En sortant du cinéma, je ne peux pas me taire et ne rien dire du film ELLE ET LUI, alors que je bouillonne d’émotions. Assise autour d’un café, mangeant un fondant au chocolat, je suis toujours avec les acteurs. Je n’ai pas ressenti de sentiments aussi admiratifs en regardant un film depuis longtemps. Cette histoire m’a immédiatement capturée, littéralement dès les premières secondes de ma connaissance des personnages. Je me suis assise en première ligne, littéralement à l’écran avec les acteurs, j’ai vécu avec eux toutes leurs émotions et leurs expériences. Au début, je voulais raconter toute l’histoire, mais je me suis dit : arrête ! Pourquoi ? Ce ne serait pas juste envers tes sentiments et tes émotions qui seront en toi quand tu regarderas le film. Film en noir et blanc, son de la pellicule et un léger sifflement en arrière-plan : ici c’est un chef-d’œuvre, voici l’art de la cinématographie. Je suis littéralement étonnée et ravie de ce style et de cette intrigue. Quel beau travail que de créer quelque chose dont le spectateur peut littéralement tomber amoureux. Et maintenant je devrais revenir à la réalité, boire du café déjà refroidi et manger mon dessert…

Anastasiia Kozynets, Ukraine


Parmi les pierres grises – Kira Mouratova

Quand vous allez au cinéma, pourquoi y venez-vous? Que voulez-vous voir ? Vous venez profiter de cet art, ressentir certaines émotions de l’intrigue et vous plonger dans l’histoire de chaque personnage. J’ai réussi à trouver tout cela dans le film de Kira Muratova “Parmi les pierres grises”. 

Le film qui, dès la première seconde, capture son mystère et son atmosphère un peu folle. L’atmosphère du crépuscule, le comportement étrange des gens et des phrases qui se répètent constamment. Au tout début du film, vous vous posez une question : mais quel est le problème ? Et puis à chaque minute qui passe, vous ouvrez tous les rideaux. Nous comprenons que la femme de l’un des personnages principaux est décédée, nous voyons la souffrance d’un père et d’un jeune fils, ainsi que la vie d’autres personnes en général.

Le protagoniste, un petit garçon, dont la mère vient de mourir, vit dans de bonnes conditions et n’a en fait besoin de rien. Ses actions ne sont plus les mêmes que celles d’un enfant. Il apprécie passer du temps avec des personnes qui n’ont pas le même statut que lui. Par exemple, il n’a même pas peur de voler une poupée à sa petite sœur et de la donner à une fille étrangère qui lui est devenue chère. D’autres héros, pauvres, montrent de l’amour pour des inconnus.

Laissez ce film servir de présentation inhabituelle et extraordinaire où l’on peut trouver le message d’importants moments de la vie : empathie, appréciation et amour.

Anastasiia Kozynets, Ukraine

 

L’équipe CultureLab 2019