Il fut un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, celui des vrais affichistes de cinéma, illustrateurs qui prenaient le temps de dessiner et de peindre, au lieu de se rabattre sur le matériel autant publicitaire que photographique. On y a perdu tout simplement un certain art expressionniste, rares aujourd’hui sont les affiches « amusantes ». Surtout quand il s’agit de films où le train joue le rôle principal, le plus souvent dramatique. La locomotive, engin sorti de l’enfer, roulant le plus souvent de nuit, est toujours menaçante, la fumée envahit le cadre, la vitesse est au rendez-vous, l’accident n’est pas loin, les « gueules » des cheminots, des « méchants » et des voyageurs, terrifiées, inquiétantes, rarement extatiques, en disent déjà long sur le voyage que l’on va entreprendre. Avec le règne du photogramme, on a perdu de grands artistes, qui savaient notamment restituer le mystère des actrices, plus vraies que nature et surtout plus proches du mythe dont on aimait les vêtir.
J-B Pouy