Samedi 10 juillet

Une de l'éphémère N8

Changement sur la grille

Aucun changement.

Soirées exceptionnelles, événements

14h30 Résidence 2009-2010 présentation Valérie Mréjen, réalisatrice

14h30 Miwa présentation Pascal-Alex Vincent, réalisateur

14h30 Autour de Georges Delerue Bandes originales : Georges Delerue présentation Pascale Cuenot, réalisatrice

15h et 16h Départs Balade cinématographique dans La Rochelle

16h Autour de Georges Delerue Leçon de musique par Stéphane Lerouge, spécialiste de la musique à l’écran, avec Raymond Alessandrini, compositeur, François Porcile, musicologue et Colette Delerue / Salle bleue La Coursive

16h Daniel Schmid, le chat qui pense présentation Peter Liechti / Médiathèque Michel Crépeau

17h30 Autour de Georges Delerue Séance Braquage / Salle bleue La Coursive

20h15 Autour de Georges Delerue Spectacle Traffic Quintet / Théâtre Verdière La Coursive

22h15 Autour de Georges Delerue Nuit blanche Tirez sur le pianiste François Truffaut / Grande salle La Coursive

Edito

Alors que le Festival touche à sa fin il serait bienvenu de parler de ceux qui font l’âme du Festival : les Festivaliers. Ils bravent chaque jour et même plusieurs fois par jour la canicule Rochelaise pour accéder aux salles obscures. Leur particularité ? Une soif cinématographique difficile à abreuver. Ces fidèles du Festival qui viennent pour certains depuis plus d’une vingtaine d’années déjà. Évidemment ils connaissent toutes les petites astuces et les bons plans. La grille Libé n’a pour eux plus aucun secret. Mais il faut bien avouer qu’elle en  devient difficilement lisible tant elle est bariolée de fluo dans tous les sens. Dans une ambiance très joviale, ils échangent leurs impressions sur les films et discutent avec les équipes d’accueil des cinémas. Profitonsen pour décerner la palme du Festivalier blagueur à celui qui a fait remarquer que le film Dimanche à six heures de Lucian Pintille ne pouvait, en toute logique, être programmé Lundi 5 juillet à 22h. Ou encore à tous ceux qui pensaient être arrivé trop tard pour le film Trop tard de Lucian Pintille également. Une belle ambiance.

Nicolas Grenié

Carrefours

Valérie MrejenPour la quatrième année, le Festival et le Centre Intermondes accueillent un artiste vidéaste en résidence. Tout au long de son séjour, celui-ci accumule les rencontres avec le public ou les professionnels, écrit et tourne en immersion complète dans le festival. Il dispose pour ce faire d’une totale liberté de thème et de sujet, aucune figure, forme ou style n’étant imposé pour son film, qui sera projeté l’année suivante aux festivaliers. Après Laëtitia Bourget en 2007 et Pierre-Yves Borgeaud en 2008, c’est au tour d’Andrew Kötting d’être avec nous cette année et de Valérie Mréjen, présente l’année dernière, de montrer ses créations.

Avec Journal d’un festivalier indécis et perpétuellement partagé, Valérie Mréjen nous fait réviser le code de la route du festival. On se laisse guider, on choisit des directions, on arpente la grille au risque de se tromper et de devoir repasser. On s’échappe un peu vers la Suisse, pays d’origine de l’actrice Dominique Reymond, qui fait la voix-off. Une bonne organisation implique de surligner en rouge, en orange et en vert les films qu’on aimerait voir, qu’on ne veut pas manquer ou qu’on veut voir absolument, comme des feux de signalisation. Une fois son permis en main, on peut enfin se laisser flotter entre les séances, onduler parmi les spectateurs, capter les reflets d’un éventail qui s’agite dans le noir, aussi silencieusement qu’une nageoire de poisson. On pourrait aussi bien aller à l’Aquarium, mais on préfère replonger dans un autre film.

Durant la seconde partie de sa résidence, la vidéaste s’est impliquée dans un atelier d’écriture et de réalisation dans le quartier de Mireuil, travaillant avec
un groupe d’enfants du Centre Social Le Pertuis. De cette expérience est née la vidéo Avenue de Moscou, Mireuil, que l’artiste a bien voulu nous présenter : « Pour mon travail en résidence, je n’avais pas d’idée préconçue, je connaissais bien le festival, je ne travaillais donc pas en terrain inconnu. Toutefois, c’était une expérience nouvelle et inédite de faire un film au Festival tout en allant voir des films ! »

« La vidéo à Mireuil à été faite en février, il s’agissait de quelque chose de complètement différent de la première. Je me demandais comment, dans un endroit déconnecté du festival, je pourrais trouver une idée qui ait un sens pour moi et pour les gens de Mireuil. Il s’agissait d’une commande venant du Festival et de l’Astrolabe. Au-delà de l’artificialité naturelle de la situation, je fus confrontée à une forme de choc des cultures. J’avais très envie de travailler avec les jeunes du centre de loisirs, mais il me fut difficile de trouver ma place. Il me fallait parvenir à leur faire oublier l’idée commune associant la caméra avec le journalisme TV. Les premiers jours furent difficiles, j’ai dû rentrer en contact avec les gens en très peu de temps. Peu à peu, ils se sont habitués à moi, mais il m’aurait fallu rester davantage. J’ai réalisé 4 ou 5 cassettes d’une heure. Les surprises furent nombreuses et mon idée un peu naïve de récolter les réponses des enfants à mes questions fut très vite écartée, tant ils n’avaient pas l’habitude qu’on s’adresse à eux de cette manière. De plus, je tenais à ne pas alourdir le film par des portraits statiques et sinistres.

Le travelling sur les immeubles révèle une architecture intéressante, avec le ciel bleu qui fait ressortir les pierres blanches. J’ai essayé de ne pas enjoliver les choses, ni d’en rajouter sur la misère. Il y a des problèmes sociaux mais pas d’insécurité. Le Corbusier avait travaillé sur le projet architectural, et l’ensemble n’est pas aussi désastreux que dans certaines villes nouvelles ».

Iris Pouy et Léonard Pouy

De la guerre

Tertium non datur

« Débarrassez-moi toute cette paille, les Allemands ne supportent pas les poux, a dit le général. » Nous sommes aux derniers mois de la guerre, au printemps 44. La Roumanie est alors l’alliée de l’Allemagne nazie. Quelques mois après à peine, le roi Michel Ier déclarera la guerre à l’Axe. C’est dans cette ambiance de pré-débâcle qu’une troupe de soldats roumains, après avoir passé la nuit à nettoyer la salle de classe d’une ancienne école, accueille un général et un commandant allemand. Alliés contraints, pris en étaux, les Roumains espèrent sans espérer que ces derniers viennent leur apporter quelque espoir de sauvetage. Le projet d’une nouvelle arme ? En réalité cet arrêt n’est qu’une étape déjeuner pour les Allemands. Dans cette école, au beau milieu de la campagne sauvage, on discutera en français, du raffinement de la culture parisienne à la mode. Puis le commandant allemand, un grand svelte arrogant, obsédé par ses origines nobles, philatéliste compulsif, raconte son périple pour retrouver un timbre roumain unique au monde à une tablée de soldats dévorant des haricots. Et au milieu de tout ça, un timbre où figure une tête d’Auroch – édité à l’occasion de la libération de la Roumanie du joug Ottoman – que le commandant obtiendra finalement d’un juif en fuite. Au cours du repas… le timbre disparait.

Dans cette adaptation d’une nouvelle du poète roumain Vasile Voiculescu, Lucian Pintilie, en maitre de la dramaturgie, homme de théâtre qui maitrise parfaitement le cinéma, nous plonge dans ce conte philosophique avec malice, déroulant lentement l’histoire dans une ambiance crue, très « réelle » – série de plans fixes, son direct (très peu de musique) – le tout donnant relief au surréalisme de la situation. Un huis clos sur fond de campagne aride entre des personnages en perdition psychologique et morale.

Frédéric Jean

Promenade musicale…

Stéphane Lerouge est spécialiste des musiques de films, et dirige la collection discographique « Écoutez le cinéma ! ».

Stéphane Lerouge, êtes-vous musicien ?

Georges Delerue

Oui. Enfant j’étais passionné par la musique et par le cinéma. Fasciné par toute une constellation de compositeurs, j’ai rêvé qu’un jour je travaillerais avec eux sur l’exploitation de leur musique, afin de faire vivre en disque celles qui m’avaient frappées étant enfant. C’est ce que j’ai fini par faire en travaillant avec Maurice Jarre, Michel Legrand, John Barry, et évidemment Delerue que j’ai n’ai rencontré que deux fois. J’ai entamé avec Colette un long travail pour faire vivre et revivre en disque son oeuvre et rendre tout le patrimoine Delerue accessible. Georges Delerue est l’un des compositeurs dont l’héritage est le plus évident chez toute une nouvelle génération de compositeurs de musique de film. Alexandre Desplat le cite comme ayant vraiment influencé et façonné sa vocation.

Parlez-nous de votre travail avec Colette Delerue .

Cela a été un vrai jeu de piste parce que parfois les bandes n’avaient pas été conservées. C’était le parcours du combattant pour arriver à retrouver le matériel, le restaurer, le faire sortir en disque. Dans certains cas extrêmes, les bandes ayant été complètement perdues, il n’y avait rien à faire. Sur L’Homme de Rio de De Broca, toutes les musiques d’inspiration brésilienne de Delerue n’étaient
pas en archive, on a donc demandé à Alexandre Desplat de réenregistrer ces musiques – là d’après les partitions originales . Alexandre, qui avait aussi travaillé avec De Broca a complètement relévé le défi. Il a enregistré deux morceaux le plus près possible de la version originale et aussi deux autres qu’il a retraités à sa façon. Une façon de rendre hommage à son maître et de lui faire un petit signe par delà les nuages.

Pouvez-vous nous parler un peu de cette Leçon de musique que vous allez donner samedi, quel est l’idée de ce cours, est-il ouvert aux néophytes ?

Bien sûr ! C’est une séance d’initiation à Delerue avec des choses très accessibles et d’autres un peu plus pointues. Initiation au pouvoir de la musique à l’image. Delerue pensait qu’au cinéma le compositeur est peut être d’abord un scénariste musical. Pour rendre cette idée concrète on va par exemple présenter une même séquence  sans la musique et on va la voir après avec la musique de Delerue et on verra comme on ne ressent plus du tout les images de la même manière. On s’est amusé à faire une espèce de  promenade dans l’univers musical de Georges avec des tas d’extraits de films de cinéastes très différents. Nous souhaitons donner un aperçu des différents versants de sa personnalité   travers une conférence à la fois didactique et ludique avec un panel d’invités qui l’ont connu et qui nous parleront un peu de lui. Il y aura notamment la participation au piano de Raymond Alessandrini qui est un formidable compositeur et qui a été l’un des pianistes de studio préféré de Delerue.

Propos recueillis par Frédéric Jean

… Autour de Georges Delerue

Interview de Colette Delerue, épouse de Georges Delerue. Colette a travaillé comme monteuse de cinéma, et a parfois partagé des tournages avec Georges.

Vous avez élaboré avec Stéphane Lerouge un coffret sorti chez Universal Music regroupant une partie des musiques que Georges Delerue avait composé pour le cinéma, pourriez-vous nous le présenter ?

Nous avons décidé de nous concentrer sur des oeuvres moins connues (donc pas les Truffaut, pas les De Broca, pas Le Mépris déjà largement diffusés). Nous sommes allés rechercher des bandes que j’avais depuis quarante ans à la cave et que nous avons pour la plupart découvertes en studio. On s’est aperçu très vite qu’il nous fallait faire des choix parce qu’on se trouvait devant une montagne de musique. On ne parcourt qu’une partie de son oeuvre puisque c’est un coffret consacré spécifiquement à l’image : cinéma, télévision et courts métrages. Delerue est aujourd’hui reconnu pour ses musiques de film mais l’on parle assez peu de sa carrière de compositeur classique… Le problème c’est que ses oeuvres ont été jouées mais il n’y a pas d’enregistrement. La symphonie numéro 1, le concerto pour violon, ou même le mouvement concertant composé pour Michel Plasson, tout ça n’a pas d’enregistrement. Georges avait même écrit un opéra de plus de trois heures, Le Chevalier de Neige, sur un livret de Boris Vian, dont il n’y a aucun témoignage sonore.

De tout cela je n’ai qu’un son témoin de l’époque qui est abominable. Comment arrivait-il à concilier les deux approches ?

Georges avait besoin des deux. Il avait besoin d’écrire pour le cinéma car c’était un travail où il côtoyait les autres , non pas dans la composition car il composait seul , mais dans le contact avec le réalisateur et le monteur. C’était important pour lui. Il avait aussi besoin de cette autre partie, sans contrainte, où il était absolument libre et solitaire, pour écrire sa propre musique…

Georges et vous avez fait le choix de vivre aux états-unis, était-ce par hasard pour des raisons professionnelles ?

C’était lié surtout au manque de budget en France. En général un éditeur prenait la relève et fournissait le budget musical du film. Mais c’était quand même ultra serré. S’il ne pouvait pas se permettre un gros budget musical, Georges réduisait lui-même sa composition. Il devait batailler pour avoir les musiciens qu’il voulait et le nombre de musiciens nécessaire. Il en a eu ras-le-bol. Aux états-Unis le budget musique était depuis le début compris dans le budget du film et il n’y a pas eu de problème. S’il voulait soixante-dix musiciens, il avait soixante-dix musiciens, s’il en voulait quatre-vingt-dix, il en avait quatre-vingt-dix ! Le documentaire de Pascale Cuenot retrace son travail pour le cinéma… Oui. Le film est principalement axé sur le cinéma avec une incursion dans le classique par la présence d’un quatuor à corde – une formidable idée de la réalisatrice pour illustrer l’aspect classique du travail de Georges. Ils y jouent le quatuor numéro 1.

Une anecdote ?

Sur Tirez sur le pianiste, François Truffaut avait enregistré toutes les séquences où Charles Aznavour joue du piano sans le son témoin. Il n’y avait pas de son du tout! Georges s’est retrouvé face à des images où l’on voyait Charles jouer mais on ne savait pas quoi. Il a dû écrire une musique à partir de l’image qu’il voyait, qui devait un peu correspondre aux notes et bien sûr avoir du sens pour le film. Il était le seul compositeur contacté par la production qui ait accepté – les autres ayant refusé en raison de cette difficulté!

Propos recueillis par Frédéric Jean

Un sacré terrain de jeu

Perceval le Gallois

En décidant de traduire puis d’adapter le texte d’un homme d’église du Moyenâge à l’écran, éric Rohmer semble se lancer dans une entreprise moult sérieuse. L’expérience de la projection ne le démentira point. C’est sans doute ce qui vient, pour nous autres spectateurs, après, bien après… Car franchement, quelle rigolade ! Perceval le Gallois est sans doute le film d’« époque » le plus ludique qui soit : il suffit d’y songer, et voilà l’image d’un vaste terrain de jeux qui vient s’imprimer dans notre esprit ; pour être plus précis, peut-être, et pour rentrer dans le vif du sujet, nous dirons plutôt une vaste salle de jeux : arbres en fer-blanc, rochers en carton… Il n’y a que les chevaux qui n’ont pas été remplacés par des ballons sauteurs dans cet univers absurde. Cependant, cette considération met du temps à germer : tout d’abord, l’impression de s’être fait piéger au milieu d’un exercice de style de deux heures vingt. Mais les plus grandes oeuvres sont sans doute celles qui ne plaisent pas tout de suite, et je défie quiconque d’oublier ce que nous propose ici Rohmer. Perceval est un jeune benêt qui passe ses journées à manier le javelot. Il reçoit un jour la visite de soldats scintillants qui l’incitent à devenir cavalier. Après avoir brisé le coeur de sa mère, le jeune homme part à l’aventure…  Comme toujours chez Rohmer, un texte très écrit (ici, fidélité au récit d’origine) ainsi qu’une confrontation passionnante autour de la théâtralité : les décors s’assument comme tels, le cheval de Perceval laisse traîner son ombre sur les peintures qui illustrent le paysage lointain (essayons d’imaginer Peter Jackson avec le même budget pour Le Seigneur des Anneaux). Tout est tourné en studio, le défi est le suivant : comment illustrer un voyage épique dans les terres chrétiennes avec un bac à sable de quelques mètres carré ? C’est un défi qui ne peut être remporté au théâtre, mais bien au cinéma, grâce à la fabuleuse loi du hors-champ. Quant aux acteurs, figés dans des positions hiératiques, ils évoquent les peintures byzantines du début du premier millénaire… Ou bien des mannequins dans des vitrines de magasins de vêtements ? De plus, au milieu de tous ces jouets qu’ils se jettent à la figure comme des gamins, non, décidément, non, tout cela n’est pas très sérieux… Considérons par exemple cette scène dans laquelle Dussolier s’empare d’un échiquier pour en faire un bouclier contre ses assaillants : c’est tordant, d’autant plus quand il est sauvé par sa belle qui jette les pièces de l’échiquier dans la foule qui, effrayée, bat en retraite ! Si l’oeuvre de Rohmer est souvent considérée comme sérieuse, intellectuelle, pour ne pas dire d’autres gros mots, il serait très injuste de considérer Perceval le Gallois comme tel : rarement film n’aura été aussi innocent et libre dans sa conception du cinéma.

Benjamin Hameury

Anthropologie

Sergey Dvortsevoy filme l’existence de gens ordinaires, négligeables. Des hommes, des familles, qui vivent comme tous les jours depuis des années, comme tant d’autres avant d’eux une existence dérisoire donc, répétitive, banale. Et pourtant, pour nous spectateurs, une existence extraordinaire. D’abord parce qu’à travers elle, Sergey Dvortsevoy pose des questions graves, essentielles. Celles, tragiques, de la survie de l’homme, de sa confrontation au monde. Si on s’amuse devant les images de cette femme qui lèche inlassablement, les unes après les autres, les cuillères qu’elle a vidées au préalable dans le plat familial, si on perçoit le burlesque de la course du garçon après une bassine qu’il a négligemment laissée s’envoler, on perçoit tout autant derrière chaque image de Paradis, une nécessité d’ordre vital. La tragédie se dessine, scène après scène de la précarité d’existences dont les conditions sont immuables, d’une vie rurale où la nourriture ne peut pas être gâchée, où les objets utilitaires sont des pièces précieuses parce que vitales. Un mode de vie où tout a un sens, un rôle primordial, où les choses sont ritualisées, pour les bonnes raisons. Si on ne peut que souffrir de la scène dans laquelle le chameau de la famille se voit mutilé, la narine percée pour être harnaché par un dispositif rudimentaire, on comprend aussi que cette violence insupportable est celle de la vie, de la découverte : la violence de l’initiation. Pour la famille comme pour le chameau, c’est un passage à l’âge adulte, à la fonctionnalité, dans cet univers où rien n’est superflu. Dans ce monde pratiquement sauvage, où les dispositifs humains sont infimes, perdus dans l’immensité des steppes, Sergey Dvortsevoy filme la lutte atemporelle de l’homme contre ce désert à la beauté à peine réelle, flottante. Une lutte dont l’issue n’est jamais certaine, jamais gagnée pour l’homme, à l’image de la course de ce petit garçon qui disparaît dans l’horizon poussiéreux, incertain, poursuivant une bassine portée par le vent.

Manon Pietrzak