Autour des pionniers de l’animation

Jean-Baptiste Garnero

La principale caractéristique du cinéma est de restituer le mouvement capté par la caméra. Ainsi le cinéma en prises de vues réelles ou tourné image par image, anime la vie à l’écran. Le film est artefact, merveilleux substitut de la réalité. Mais ce n’est que l’une de ses qualités qui lui ont permis de perdurer depuis plus d’un siècle. Remonter le temps, voyager d’une contrée inexplorée à une autre en un instant, devenir très grand ou très petit, connaître son avenir… choses irréalisables dans la réalité rendues possibles sans bouger de son fauteuil. Toutes ces possibilités trouvent leur cohérence dans l’Animation: Prenons à contresens l’horloge du temps et découvrons les « praxinancêtres » du cinématographe concentrés dès 1826 sur l’animation de dessins, avec Autour de Will Day: The Evolution of the Film (1929)… et les pionniers de l’animation française enseignant leurs techniques parfois peu académiques mais très didactiques, à coup de feuilles de cellulos et de caméras – Paris-Cinéma (1929). Une fois les règles de base de l’animation assimilées, il vous sera désormais plus facile de voyager d’un film à un univers en assistant en direct aux espiègleries de locataires magiciens, Les Locataires d’à côté (1909), à l’exploration des fonds marins (sans se noyer?), avec Bécassotte à la mer (1920), de devenir apprenti torero en affrontant une armada d’automobilistes déchaînés dans Les Déboires d’un piéton (1922) ou bien d’apprendre à résister à la tuberculose grâce à La Tuberculose menace tout le monde (1918). Mais ce n’est pas tout, quand il s’agit d’animation l’éventail des ressources de l’image par image permet d’assister en direct à la naissance de sculptures animées comme dans le Sculpteur moderne (1908), d’accompagner Gulliver à Lilliput et d’en revenir, avec le film d’Albert Mourlan de 1923… pour rencontrer Max, le grand-père de Ratatouille, au détour d’une table de la salle à manger dans Max et la mouche (1932).