Présentations de l’Institut Lumière par le Dr Jekyll et par Mr Hyde «Les chants alternés plaisent aux Muses » (je cite en français, pour être compris même au Ministère)VO (version optimiste, officielle)
A Lyon-Monplaisir, l’Institut Lumière…
Rue du Premier-Film — adresse imprenable : ils n’en n’ont pas en Amérique — au château des Frères Lumière. La toiture a été refaite et, dès que la Ville aura un moment, elle va s’occuper des façades, suivant la jolie palette italienne que, depuis L’Horloger de Saint-Paul, elle impose à ses administrés. La réfection de la salle de « con-férences avec projections », ainsi disait-on au temps de la lanterne magique, est déjà à l’étude. Il est devenu un outil polyvalent au ser-vice de l’image. Nous nous en sommes, à vrai dire, donnés la peine.
… reçoit 500 visiteurs/spectateurs par semaine, qui viennent — voir des films classiques (tous les jours) — améliorer leurs connaissances historiques, grâce à de nombreu-ses expositions — consulter la bibliothèque (30000 dossiers/films) — médiathèque (cassettes pour visionnements individuels) — chirathèque (un Direc-teur des Recherches de notoriété mondiale !)
L’Institut Lumière est le partenaire moteur d’actions pédagogiques : initiation au film, fondée sur des projections (de quoi désarçonner Metz), enseignement pour classes terminales (passe ton bac d’abord, après être allé au cinéma), cours de Barthélemy Amengual pour les étudiants de Lyon II — o fortunatos nimium, sua si bona nozint, agricolas (même les anciens étudiants en Droit Administratif peu-vent faire un effort).
Jacques Oudot, j’écris son nom, adjoint à la Culture, veut déve-lopper le secteur « formation ». Nous joignons les mains, nous nous inclinons en marchant à reculons : ne serait-ce pas trop, vraiment, pour nos indignes personnes ?
Et je n’ai rien dit du dynamique Président Tavernier, qui n’a pas manqué un seul de nos 13 Conseils d’Administration, des livres édités et des titres en préparation ; je n’ai rien dit de la centaine de réalisa-teurs et d’interprètes accueillis Rue du Premier-Film — Gene Kelly, Mikhalkov•Kontchalovski,Chahine,Moretti ou Varda y furent plus émus que nous. Rien dit des hommages à l’animation, au fantasti-que, à Franju, Freda… rien des Festivals des Cinémathèques. Rien des 1200 titres engrangés déjà pour l’avenir.
Alice a rempli six pharamineux press-books d’articles pour l’Insti-tut Lumière : merci, amis journalistes ! 2000 signatures, plus signi-ficatives les unes que les autres, viennent de nous apporter leur appui. Jean-François Abert et Lyon-Libération ont réuni un Forum de 700 personnes… En somme, outre ses résultats objectifs (pourquoi ne dirai-je pas « positifs » ?), l’Institut Lumière a la cote (d’amour).
L’Institut Lumière va non seulement bien, mais encore ira de mieux en mieux. Le centième anniversaire du cinéma…
C’est ce que je disais : nous serons plus forts que jamais.
Mon cher alter ego (avec mes excuses, Monsieur le Ministère ! ça veut dire : je est un autre) fè vous vois plus lyonnais que nature, tou-jours à regarder les choses par le mauvais goût de la lorgnette.
Quand le cinéma aura 100 ans, l’Institut Lumière, à Lyon, je dis bien à Lyon et non pas à Paris, avec l’appui de la Ville à 100% et du Ministre de la Culture d’alors (suivant un pourcentage à jauger en trempant un alcoomètre dans mes fûts de vieux marc de Bugey), conduira le bal.
Et rendez-vous à tout un chacun, d’ici là, Rue du Premier-Film. C’est ouvert au public tous les après-midi, sauf les lundis ; le reste du temps, Mr Hyde, hurlant dans sa cage, est invisible pour ses ennemis.
VF (version fauchée, foutue)
S.V.P. : ne pas dire « Louis Lumière » comme les Parisiens qui con-fondent avec l’école d’opérateurs de la rue de Vaugirard. Ne pas écrire non plus : « Montplaisir », c’est à Saint-Etienne.
On y attend depuis 12 ans la première pierre de… quelque chose manifestant autour du « hangar du Premier-Film » que Lyon a cons-cience d’être la ville où l’on inventa le cinéma. Un quelque chose d’aujourd’hui, pour demain, financé… par exemple, par souscrip-tion ? A moins qu’on ne laisse aux intéressés, sur le terrain, le soin de bâtir, invisibles, sous le jardin, quelques étages de garages, dont les ressources tiendraient lieu de subventions. Enfin privatisés, enfin libres ! Topons là, et cochon, dans cette ville « libérale », qui s’en dédit ?
Sic. L’avant-dernier avatar, dans le cadre souple/dur de la décen-tralisation socialiste, fut de rapatrier les crédits de la Photographie dans le lieu qu’ils n’auraient, n’est-ce pas, jamais dû quitter : Paris ! Lutèce, la ville-reflet, dont les princes énarques sont des enfants pro-vinciaux : suivez mon regard. La peine que nous nous sommes don-nés, à dire vrai, aurait été mieux accueillie par le roi de Prusse — pour parler européen.
Avec 7 personnes ! On pourrait mieux faire. Et si telle ou telle Cinémathèque, franco-phone il va sans dire, nous reversait son trop-plein ?
L’Université Lyon II « Lumière » : sauf son respect, de quoi s’esclaf-fer ! Quand on se souvient en quelle estime — fidèles en cela à toute une tradition de l’intelligence lyonnaise : les Lumière, Auguste et Louis, tenaient les universitaires… Pourquoi d’ailleurs avoir renoncé à « Marc-Bloch », les amis de Feurisson faisaient-ils la majorité des émérites professeurs ?
Ce serait bien le moins. D’ailleurs, 12 ans après être entré dans ces Hauts de Hurlevents, mes cheveux blonds font mine de blanchir, de se ralentir mes chan-gements à vue à l’arrivée d’un décideur politique : bref, la réversi-bilité Jekyll/Hyde devient moins instantanée que celle du Cinématographe Lumière prises de vues/projection.
Le Patrimoine est un plat qui se mange quand on est froid — cf. Langlois.
La cotte est taillée au plus juste : les 1 MF en 1983 venant du Minis-tère de la Culture sont devenus 500000F en 1988. Les 3 MF promis alors dépassent difficultueusement les 2 MF.
Décembre 1995. Veille de la prochaine élection municipale.
Acceptons-en l’augure. Demain, on rasera gratis ? Sans toutefois oublier Lumière racontant 1895 : « On ne savait pas ce qui se pas-serait. »
Bon sang, mais c’est bien sûr ! Ainsi finit la comédie.
Et rendez-vous à tout un chacun, d’ici là, Rue du Premier-Film. C’est ouvert au public tous les après-midis, sauf les lundis ; le reste du temps, le Dr Jekyll, souriant à son bureau, est visible pour ses amis.